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Commentaire de Walid Haïdar

sur La fin des petits paysans


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Walid Haïdar 27 juin 2012 01:31

Pourquoi ce fatalisme ?


On peut, on doit faire le constat de la catastrophe et de l’imbécillité, au fond, de notre modèle agricole.

Mais après ? Le rôle d’un citoyen n’est pas d’annoncer la fin de l’espoir et l’avenir apocalyptique. Qui est responsable de tout ce qui se passe ? Est-ce vraiment la question ? On constate. Mais on fait quoi, nous, concrètement ? Dans quelle dynamique s’inscrit notre choix propre d’existence ? Est-il réellement, ce mode d’existence, bien meilleur, bien moins nuisible que celui de la moyenne, au delà du luxe d’acheter des produits de qualité (du luxe financier ou de l’information des alternatives et de la chance de se trouver dans un endroit où ces alternatives existent), ou de commenter un article (même utile) ?

Car ceux qu’on fustige et qui mettent en place ces systèmes mortifères, sont biens actifs, organisent l’avenir. Et nous ?

Il me semble qu’on peut voir ces grands murs technocratiques comme les annonciateurs de grandes révoltes autant que comme annonciateurs de grands désastres.

Mais ces révoltes, seront-elles forcément de bêtes manifestations plus ou moins violentes, des cris de rage dans le vent ?

Que chaque personne qui sent chaque jour un peu plus l’absurdité de l’ordre actuel apprenne lui-même, dans les livres, dans son jardin, auprès des "derniers paysans", comment tirer de la terre lui-même de plus en plus de ses besoins alimentaires.

Qu’il apprenne les vertus de la collectivisation (à l’échelle de quelques familles) de parcelles de culture, les vertus de manger moins transformé, moins cuit, pour manger moins, les vertus de se donner moins le besoin de manger des graines (une graine c’est pas fait pour être mangé par des humains à la base... c’est même conçu pour être carrément indigeste), moins de besoin de manger tout simplement, moins le besoin de manger du boeuf, et de varier ses consommations carnées, de les diminuer...

Si vous n’habitez pas à la campagne, pourquoi ne pas tenter avec vos voisins de HLM, en le proposant à votre mairie de faire de votre HLM une ferme (si c’est une mairie écolo ou PG, ça se tente non ?), même si ça ne répondra qu’à une partie, même petite, de vos besoins ? Si vous n’y arrivez pas, peut-être un sur 1000 y arrivera, et de cet exemple, que naîtra-t-il ?

Si vous n’avez pas de possibilité de produire vous-même, ce qui est le plus souvent le cas, pourquoi ne pas chercher un paysan et créer une assoc (type AMAP par exemple) pour lui acheter ses produits ?

Pourquoi acheter des rasoirs jetables plutôt que de vous acheter une belle lame de rasoir à l’ancienne, et de l’utiliser avec du savon naturel, que vous pouvez faire vous-même ? Lame que vous pourrez léguer à votre fils...

Pourquoi mettre 1 gramme de dentifrice sur votre brosse alors que 0,1 gramme suffit, puisque le dentifrice ne sert en fait à rien ?

Pourquoi affirmer votre identité en suivant la mode débile que vous n’avez d’ailleurs souvent les moyens de suivre qu’en clochard, avec des vêtements misérables, qui s’abîment au bout de quelques lavages ? Pourquoi ne pas plutôt affirmer votre identité en achetant peu d’habits, mais les pus solides possible ? Pourquoi ne pas en fabriquer certains vous-même dans la mesure de votre talent et de votre temps disponible ? Pourquoi ne pas monter une association pour mutualiser les coûts et les talents afin de produire quelques vêtements simples et très résistants ?

Si vous avez des idées, et en fait, vous en avez plein, pourquoi ne pas prendre le temps d’en inviter certaines dans le réel ?

Toutes ces façons sont des modes de résistance, car ils permettent de dépendre moins du système, de le court-circuiter, et pourquoi cela ne marcherait-il pas ? Pourquoi cela ne ferait-il pas bifurquer le système ? Plus le système sera insupportable pour plus de gens, plus les contre-exemples seront communicatifs, copiés, améliorés, diffusés, jusqu’à une masse critique. N’attendons pas le sauveur, le parti, le mouvement messianique : personne ne sera le Spartacus des temps modernes, le Prométhée, ou le Christ, mais on peut participer humblement à une émergence, et ça pourrait même ne pas être si difficile, juste avec un peu de culot, de légerté de coeur, et d’huile de coude.

Oui, faisons les constats qui s’imposent, mais la conséquence de ces constats, c’est l’action, sinon à quoi servent ces constats ? À s’avouer vaincus d’avance ?

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