Un film qui saura trouver son public. Mais je le trouve très mal construit. Il est vraiment fait pour précher pour sa paroisse. L’usage du mot "sioniste" (dans la bouche d’un Meyssan notamment) me rappelle celui du mot "capitaliste", lorsque je débutais ma jeune carrière de militant dans les milieux gauchistes. C’est un prêt-à-penser, une formule, un "isme" qui englobe tout et n’importe quoi pourvu que cela soit négatif. Il ne pousse à aucune analyse, à aucune réflexion sinon celle de se conforter dans l’idée que le sioniste est le mal qui ronge la planète. Comme le capitalisme pour certains, l’islamisme et le communisme pour d’autres, le sionisme est mal compris, mal employé et mal pensé. L’anti-sionisme rassure en réalité, il offre enfin une grille de lecture "claire et cohérente" du désordre mondial. Il éclair alors que tout se complexifie dans un monde instable et multipolaire qui peine à trouver ses courants de pensée. Je me permettrais d’emprunter une citation que Shlomo Sand fait d’Heidegger (double emprunt donc) dans son dernier essai Comment j’ai cessé d’être juif  : "Le plus souvent, au cours de notre vie, nous pensons moins avec les mots que le mots et les concepts ne se pensent à travers nous". L’historien israëlien illustre par cette citation le fait qu’il faille "remettre en cause les concepts et les constructions de base de notre système de pensée". J’invite les anti-sionistes à avoir le même courage d’analyse que Shlomo Sand a eu vis à vis de sa judéité. Remettre en cause le concept tel qu’il est compris, se pencher un peu plus sérieusement sur ses origines (notamment linguistiques) et découvrir une pensée qui est à la fois moins englobante et beaucoup plus hétéroclyte que ce l’on peut imaginer. En déplaise à l’auto-proclamé sociologue qui a un avis sur tout, à l’instar d’un Jacques Attali, les deux étant des "spécialistes de tout et n’importe quoi".