Concernant la question des définitions et en réaction au message de Machiavel 1983 qui lui-même réagissait à celui de Eric Guéguen du 20 septembre 17:39
"Il y’ a quelques jours j’écoutais Michel Rocard sur France
info (il était très bon), on lui a demandé de définir la gauche et il a répondu
en gros que la gauche, c’était le changement et l’innovation ! C’est
exactement ça : la gauche, c’est fondamentalement les forces de la
modernité et du mouvement et la droite, c’est la réaction à ce mouvement,
ce qui se manifeste par le conservatisme !"
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Frédéric Lordon propose également d’actualiser la polarisation et sa proposition est très proche de celle-là.
http://www.youtube.com/watch?v=paaA0in8WjQ
"La "Droite", c’est ceux qui veulent travailler dans le cadre, la
"Gauche", c’est ceux qui veulent sortir du cadre et le refaire".
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Attention : réclame.
Machiavel et Guéguen, et les autres, vous qui vous posez ces questions de définition de concepts, et si ce n’est déjà fait, je vous conseillerais amicalement d’aller faire un tour du côté de l’école régulationniste, et notamment des essais "L’intérêt souverain" et "Capitalisme : désir et servitude" de F.L.
L’intérêt y est justement le développement de raisonnements nécessairement sur base de définitions et constructions rigoureuses de concepts. On y est donc d’accord ou pas non sur base d’affinités idéologiques particulières mais sur la validité du raisonnement.
L’autre intérêt, le majeur, c’est qu’on y dépasse une autre polarisation : individualisme/collectivisme.
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La thèse de "L’intérêt souverain" devrait particulièrement te plaire, Machiavel1983.
J’ai ici trouvé un résumé intéressant, désolé pour la longueur (et la digression) :
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http://lectures.revues.org/305
"La thèse de Frédéric Lordon repose sur l’argument selon lequel
l’institution du rapport de don/contre-don remplit une fonction sociale
précise : conjurer la violence inhérente à l’antagonisme des conatus.
D’une certaine façon, le procès de civilisation n’est rien d’autre
qu’une succession de « mises en forme », historiquement et socialement
structurées, de la rencontre des conatus afin que la violence
qui en résulte soit comprimée et que les hommes parviennent à vivre
ensemble sans s’entretuer. L’acte de consommation marchande se révèle
ainsi totalement déshumanisé si l’on fait exception des formules toutes
faites (« et avec ceci ? », « c’est pour offrir ? »...etc.) qui sont
chargées d’en euphémiser le contenu et la signification. Tout se passe
donc comme si les individus passaient leur temps à dénier la violence
inhérente aux échanges sociaux en les enrobant dans des formes
socialement convenues. Et si la poursuite de l’intérêt individuel, au
sens utilitaire, est devenue légitime, ceci n’a été possible qu’au terme
d’un long processus historique dont Hirschmann avait déjà tracé les
grandes étapes dans son livre Les passions et les intérêts.
Frédéric Lordon dégage ainsi de façon analytique trois configurations
différentes de l’échange : d’une part, le don comme forme d’échange
symbolique, le « donnant-donnant » consacré par le marché, et enfin une
configuration intermédiaire conciliant ces deux formes extrêmes. Il
précise par ailleurs que « les dispositifs de la réciprocité ne peuvent
que sublimer, mais jamais extirper, ces pulsions élémentaires qui
restent alors à l’horizon de toutes les pratiques sociales » (p.99). Les
pratiques de don/contre-don s’inscrivent ainsi dans une mise en scène
de l’hypocrisie collective qui consiste à dénier que tout l’intérêt
qu’il peut y avoir à se montrer désintéressé : « le bienfait est une
comédie, c’est d’accord, mais c’est une comédie sérieuse et impérative » "