Intéressant. La thèse est radicale, on est d’accord ou pas,
mais cela interroge l’évidence inscrite en nous de l’école.
En tout cas, je partage beaucoup d’analyses du documentaire.
Les sociétés qui n’ont pas besoin d’école sont celles aux
activités domestiques, sociales, économiques et culturelles intriquées, avec
les enfants qui finissent par faire ce que font leurs parents. On le comprend
de mieux en mieux en sciences : la mimésis est le premier et plus puissant
moyen d’apprentissage (ou plutôt, c’est une simple évidence, que oh !
On découvre, parce que la science le dit).
Mais ce n’est pas
aussi simple que ça. Je ne retrouve pas ce documentaire qui regarde différemment le Ladakh. Une
femme y est allée vivre plusieurs semaines parmi deux familles et a filmé leur
quotidien. La vie est rude, la nourriture difficile à obtenir, le travail est
constant et épuisant. Les récoltes de blé servent aussi à préparer les grandes
quantités de fourrages nécessaires pour l’hiver aux chèvres, pour le lait, et
éventuellement aux yaks. Les parents
envoient leurs enfants à l’école et ils le souhaitent, pour qu’ils puissent
améliorer leur vie matérielle. Cela ne répond pas à la question de ce que l’école
fournit, mais indique en tout cas qu’il y a des peuples, (tribus, ethnies...) qui
cherchent des solutions à des conditions de vies trop rudes. Peut-être que des
sociétés n’ont pas besoin d’école, que d’autres en ont besoin, peut-être aussi que
la réponse est ailleurs que dans la vision binaire école/pas école.
En occident le problème est inverse. Il ne reste plus grand-chose
de l’anima domestique, artisanal, économique, culturel, spirituel pour fournir « une
école de la vie ». Les familles ne sont plus autonomes, toutes les
capacités nécessaires à leurs existences ont été externalisées. Et le
fonctionnement de la société telle qu’elle est requiert un niveau technologique
que les parents ne peuvent plus dispenser à leurs enfants. Le gap est énorme,
ce serait un saut dans l’inconnu. Mais aussi, avec les crises qui nous
attendent, on y viendra contraint et forcé, ou seule une petite partie de la
population y arrivera.
En attendant, la loi du 24 août 2021 a méchamment restreint
les possibilités d’école à la maison : ce documentaire est bien d’actualité.