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Commentaire de Remy

sur Emeutes de la faim : tragédie mondiale en vue


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Remy (---.---.155.167) 23 avril 2008 12:08

Lorsque, lors d’un diner de jeunes diplômés d’une école supérieure de commerce, je déclarais, il y à déjà 10 ans, que nous avions oubliés que les légumes, que nous avions dans nos assiettes, ne poussaient pas dans les supermarchés. Que nous négligions trop les filières agricoles, que la population agricole diminuait de façon continue depuis les années 40, que nous allions vers une catastrophe alimentaire, je n’avais récolté que des sourires ironiques . Nous vivons dans un leurre, un mirage fait de béton et de verre, nous avons oublié que l’humain ne se nourrit pas de secteur tertiaire. Ces jeunes ne pouvaient, à l’époque et toujours aujourd’hui, rêver que sur l’expansion infinie d’un monde tout économique, fait de nouvelles technologies toujours plus performantes. Pour eux et leur futurs enfants, la réussite de leur vie ne pouvait se concevoir que dans une grande société ou un bureau d’affaire. Pourtant comme vous et moi, ils se nourrissent tous les jours sans se poser de question. Lorsque le frigo est vide, il suffit de se rendre au supermarché du quartier et de faire le plein.... oui mais voila, c’est la terre qui nous fournit cette nourriture et non le supermarché du quartier. Donnée complètement occultée et pourtant essentielle ! Résultat de cette occultation, même si elle n’est pas la seule raison, elle y contribue fortement, nous nous dirigeons aujourd’hui vers une crise alimentaire planétaire, plus de 37 pays sont touchés actuellement par des hausses très importantes des prix des produits alimentaires, au point que la survie de leur population se pose. Ces même prix commencent également à produire de sérieux problèmes financiers aux foyers des pays occidentaux. Les politiques, bien sûr, ont une responsabilité importante dans ce problème, par négligence, par aveuglement. Exemple de l’expression de ces politiques, le Sénégal : ce pays posséde des terres agricoles en quantité pour être auto suffisant , mais faute de décisions, d’orientation, de soucis de la politique agricole, le Sénégal importe près de 60 % de ses besoins ! Baisse des investissements internationaux, plafonnement des rendements, quotas laitiers, mise en jachère des terres, climat... Le mécanisme inexorable de la crise actuelle était déjà en place depuis longtemps. L’augmentation de la population mondiale allant de pair avec des politiques prônant une augmentation exponentielle de l’industrie au dépend de l’agriculture. Le résultat est une diminution permanente des agriculteurs depuis près de 60 ans, en France notamment, la population agricole est passée de 2. 200.000 exploitations en 1955 à 545.000 en 2006.... il était évident que, quelle que soit l’augmentation de la productivité, le problème d’une quantité insuffisante de produits alimentaires risquait de se poser. Autre exemple, pour la France, bien que notre population augmente, notre production de lait, est passée de 313 millions de tonnes en 1980 à 234 millions de tonnes en 2006.... celle de bœuf de 2 millions de tonnes en 1980 à 1.5 millions en 2006, la surface totale des terres agricoles exploitées est passée de 30 millions d’hectares en 1990 à 29 millions en 2006 ! (source INSEE) En prenant le problème à l’envers, car nous vivons dans des sociétés qui ont tout axé sur la productivité industrielle, négligeant totalement, et je le prouve par les chiffres cités ci-dessus, que pour qu’un homme produise des biens , il fallait d’abord qu’il se nourrisse..... Ce qui est pourtant une question de bon sens. Cette situation d’abandon, de négligence du secteur agricole, se cumule avec l’émergence de grandes sociétés qui monopolisent la distribution, les semences, la production, décident et fixe les prix de ventes au niveau mondial, et vous obtenez la crise actuelle. Cette crise évidente, que les politiques n’ont pas vu ou voulu voir arriver, et qui pourtant crevait les yeux !

"Gouverner c’est prévoir" (Emile de Girardin)


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