O Scugnizzo

"La richesse des sociétés dans lesquelles règne le mode de production capitaliste s’annonce comme une immense accumulation des marchandises". Marx, Le Capital. Accumuler toujours plus, donc produire toujours plus inutile, pris comme index de la bonne santé de la société. Est-il émancipateur de produire toujours plus inutile ?

Les barbus revendiquent mais l’Empire dit que c’est pas eux. C’est le monde à l’envers là-bas :)

Globalement on s’en fout de savoir quel intérêt peut trouver HP à l’obsolescence programmée (mais j’y viens ne vous inquiétez pas), il convient de prendre le mouvement, la logique industrielle dans son ensemble, et sortir de sa dimension économique pour penser sa dimension humaine. Ou repenser l’économie comme simple moyen d’émancipation de l’homme. Si l’industrie des consoles de jeu a trouvé le moyen de faire entrer les recettes en continu par la séparation entre console et jeu (ce qui n’était pas le cas au début), alors il n’a pas besoin d’obsolescence programmée. Quand ce n’est pas possible, alors y a recours à l’OP. Voir les imprimantes, les ampoules (Philipps), c’est clair que sur les ampoules ma fois y a pas moyen de proposer des mises à jour, alors on paie des ingénieurs pour diminuer la vie des ampoules. L’obsolescence programmée est révélatrice d’une logique perverse, où l’économie, la production et la consommation est au service d’une petite classe plutôt qu’au service de l’émancipation des peuples. L’utilité pour HP, c’est qu’on rachète des ordis neufs ! Parce-que quand ça pète d’un coup, et y a qu’à parcourir les forums internet pour voir que c’est pas rare, c’est pas écrit sur l’écran "attention, il est l’heure de l’obsolescence programmée". Mais que ce soit obsolescence programmée, réduction de la qualité du matériel acheté, ça relève de la même logique, la même volonté. Et si celle-ci répond à des impératifs du marché - consommer permet d’augmenter la Croissance, le bien-être matériel etc - alors pour garder Croissance et compagnie, il faut suivre une courbe exponentielle, qui fait qu’il faudra toujours acheter plus et plus vite, et donc détruire toujours plus et plus vite, malgré les progrès de la connaissance et la technologie. Y a pas comme une contradiction à long terme ?

Schweizer, vous vous accordez une influence disproportionnée. Le marché du désir (et son corollaire le désir du marché) transformera votre mésaventure en anecdote dans la psychologie de l’acheteur. On a tous eu des problèmes avec des Mac, Iphone ou Ipod, des beaux foutages de gueule, et pourtant... Sans compter que dans un marché industrielle, chaque marque ne travaille pas de son côté, y a une homogénéisation des produits, qui fait que Apple utilise du matériel Samsung, malgré qu’il soit en guerre verbale contre cette marque. Notre seul pouvoir est de stopper l’homogénéisation de la pensée, mais c’est pas demain en Helvétie, acmé du libéralisme.

Pour être un peu plus constructif que Monsieur Dubois, dont l’absence d’intelligence se comprend dès la lecture du titre de l’article et de la vidéo (aucune mention de son nom, tellement il a été inutile), je dirai que le tirage au sort n’est fondamentalement qu’un instrument au sein d’un système qui mérite d’être globalement repensé. Sauf qu’il devient essentiel au vu de l’échec cuisant du gouvernement représentatif, échec qu’avait déjà prévu Rousseau à son époque... Je dirai même, pour faire taire les accusations de "vision fleur-bleue, bisounours de la réalité", que le tirage au sort n’est pas fondamentalement démocratique, on peut tirer au sort un dictateur. Mais AU SEIN d’un système qui se veut réellement démocratique, au sein d’un système qui veut construire des structures démocratiques, alors le tirage au sort doit avoir une place privilégiée. Concernant maintenant le petit nombre d’habitant de la Cité d’Athènes - un contre-argument sérieux et qui doit être mieux discuté - il faut dire qu’on pourrait utiliser ce qu’on appelle un échantillon représentatif de la société, 300’000 personnes, 1’000’000 ou qu’importe, renouvelable chaque année, à partir duquel on tirera au sort. La formule mathématique de l’échantillon représentatif n’a pris forme qu’avec le développement du pan quantitatif des sciences sociales, d’où peut-être d’après Bernard Manin ou Yves Saintomer, le fait que les débats sur la "démocratie moderne" ont laissé de côté la question du tirage au sort.