Quant à l’annonce du résultat d’OPERA, telle qu’elle a été formulée dans les communiqués du CNRS ou ministériels, elle était manifestement prématurée. Surtout, dans un domaine comme la Physique des neutrinos où les erreurs expérimentales, assorties de publicités qui se sont avérées infondées, n’ont pas manqué par le passé.
Voir nos articles :
http://science21.blogs.courrierinternational.com/archive/2011/09/23/vitesse -de-la-lumiere-et-superbradyons.html
Vitesse de la lumière, OPERA et superbradyons (I)
Le 23 septembre, la collaboration OPERA (Oscillation Project with
Emulsion-tRacking Apparatus) diffuse
sur le site arXiv.org
son article faisant état d’une vitesse des neutrinos supérieure
à celle de la lumière. L’article d’OPERA confirme ainsi la
précédente annonce
publiée par l’expérience MINOS
il y a quatre ans. Un résultat expérimental qui fait couler de
l’encre, mais qui n’est pas si surprenant dans le contexte de
l’hypothèse des superbradyons
formulée il y a bientôt dix-sept ans par notre collègue Luis Gonzalez-Mestres. Même si les
données et l’analyse d’OPERA nécessitent une vérification plus
poussée, et qu’il reste à comprendre de manière précise la
valeur expérimentale de l’effet détecté. L’annonce de ce
résultat donne lieu depuis jeudi à des réactions diverses. Si Sciences
et avenir écrit « Neutrinos superluminiques : des résultats "à prendre avec des pincettes" », Métro France interroge : « La vitesse de la lumière enfin dépassée par une particule ? ». Le Point publie une interview de Thibault Damour avec le titre « Ne détrônons pas trop vite Einstein ». Mais s’agit-il vraiment de cela ? Et peut-on vraiment comparer les neutrinos d’OPERA avec ceux émis par l’explosion de la supernova SN1987A ? Maxisciences évoque une « découverte inattendue de particules qui dépassent la vitesse de la lumière », alors que Le Temps souligne : « Plus vite que la lumière et plus loin qu’Einstein ». On oublie un peu vite Henri Poincaré, qui fut le véritable créateur de la théorie de la relativité. Même le communiqué du 22 septembre du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) emploie à tort ce type de raccourci inexact. De même, lorsque l’auteur du communiqué du CNRS écrit « Jusqu’ici, la vitesse de la lumière a toujours été considérée comme une limite infranchissable », il oublie le travail de longue date de Luis Gonzalez-Mestres, pourtant chercheur de cet établissement, qui depuis 1995 a émis et étudié à contre-courant l’hypothèse de la possible existence de particules avec masse et énergie positives et avec une vitesse critique dans le vide très supérieure à celle de la lumière (les superbradyons). Le 23 septembre également, Gonzalez-Mestres a mis
en ligne dans arXiv.org
une nouvelle version élargie de son article « Cosmic rays
and tests of fundamental principles » explicitant
davantage, dans le Post Scriptum, les conséquences de son
approche spinorielle à la géométrie de l’espace-temps déjà
évoqué dans notre article Frères Bogdanoff, cosmologie, pré-Big
Bang, Wikipédia...(I). Si les données récentes d’OPERA et
leur interprétation devaient s’avérer exactes, la différence
observée entre la vitesse des neutrinos et celle de la lumière
ne paraît pas facile à expliquer. Un très faible mélange avec
des superbradyons pourrait être une éventuelle explication de ce
phénomène. La géométrie spinorielle de l’espace-temps proposée
par Luis Gonzalez-Mestres peut également jouer un rôle.
[la suite, sur le lien http://science21.blogs.courrierinternational.com/archive/2011/09/23/vitesse -de-la-lumiere-et-superbradyons.html
]
http://science21.blogs.courrierinternational.com/archive/2011/10/01/vitesse -de-la-lumiere-opera-et-superbradyons-ii.html
Vitesse de la lumière, OPERA et superbradyons (II)
Le 1er octobre, Atlantico écrit : « Ce ne sont pas les
neutrinos qui vont trop vite, ce sont les médias », à propos
de l’annonce de la collaboration OPERA sur la vitesse critique dans
le vide du neutrino associé au muon. Lequel neutrino serait
légèrement supraluminal. Alors que Cyberpresse exalte « Plus vite que la lumière :
du boulot pour les cerveaux ! » et le Courrier Picard alerte à son tour : « High-Tech. Un
accélérateur américain détrôné par le LHC ferme ses portes »,
évoquant la fermeture prochaine du Tevatron dans l’Illinois. Sur
cette fermeture du Tevatron, Nature commente : « Fermilab faces life
after the Tevatron ». Mais quel est le rapport entre les
enjeux financiers et les annonces institutionnelles plus ou moins
sensationnalistes sur des « découvertes » ? France Soir
emploie le titre « Théorie de la relativité
: Einstein avait raison », se référant à un article de
Radoslaw Wojtak, Steen H. Hansen et Jens Hjorth intitulé « Gravitational redshift
of galaxies in clusters as predicted by general relativity »
et paru également dans Nature. Mais l’analyse de France
Soir est inexacte sur au moins deux points. Le premier, comme
déjà évoqué dans notre article « Vitesse de la lumière, OPERA et
superbradyons (I) », réside dans l’attribution à
Einstein de la paternité exclusive de la théorie de la relativité au
détriment du rôle bien connu d’Henri Poincaré qui fut le véritable
auteur de la relativité restreinte, même si Einstein élabora par la
suite la relativité générale que le résultat paru dans Nature
vient de vérifier encore. Mais surtout, France Soir estime à
tort que l’annonce récente d’OPERA « remettait totalement en
cause la théorie de la relativité d’Einstein ». En réalité, il
s’agit d’un écart relatif de 2.5 x 10 ?5 entre les
vitesses critiques du neutrino associé au muon et du photon. C’est
une violation de la relativité restreinte, certes, mais faible dans
l’absolu (même si elle est beaucoup trop forte pour être
phénoménologiquement viable) et sans rapport avec la vérification de
la relativité générale parue dans Nature dont l’intérêt
n’est point en cause. A propos du résultat d’OPERA, notre collègue
Luis Gonzalez-Mestres, cherchant notamment à explorer le rôle
éventuel de son hypothèse des superbradyons dans la génération d’une
telle anomalie, a tout d’abord entrepris
de vérifier dans un cadre général la consistance globale entre cette
annonce d’une vitesse supraluminale du neutrino et les données
expérimentales bien établies de la Physique des Particules et de
l’Astrophysique. En clair : que se passerait-il inévitablement si le
neutrino avait une telle vitesse critique ? Luis Gonzalez-Mestres a
ainsi abouti,
de manière indépendante de toute théorie spécifique, au constat
d’une inconsistance claire entre l’annonce du 22 septembre de la
collaboration OPERA et ce contexte expérimental. Il s’ensuit que
l’idée d’un caractère supraluminal aussi marqué pour le neutrino
associé au muon doit en tout état de cause être dès à présent
abandonnée, même si la porte reste ouverte à de possibles violations
de l’invariance de Lorentz beaucoup plus faibles. Les données
d’OPERA semblent donc avoir comporté une erreur expérimentale.
[la suite, sur le lien http://science21.blogs.courrierinternational.com/archive/2011/10/01/vitesse -de-la-lumiere-opera-et-superbradyons-ii.html
]
Cordialement
Le Collectif Indépendance des Chercheurs
http://science21.blogs.courrierinternational.com/
http://www.mediapart.fr/club/blog/Scientia
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