Dérive totalitaire
Dans "l’Etat
total", l’individu n’existe que par rapport au collectif. L’Etat
devient un absolu, objet d’un véritable culte. La société totalitaire procède par anéantissement de tous les fondements des structures sociales tels que la famille, les religions, les
associations, etc.
L’identité sociale des
individus laisse place au sentiment d’appartenance à une masse informe, le résultat est une atomisation de la
société, un isolement absolu de l’individu qui se retrouve comprimé et écrasé
par l’appareil d’Etat.
Mais ce n’est pas un complot,
c’est un enchainement très logique. Au fondement de cette dynamique totalitaire,
l’individualisme. Émancipé de ses appartenances
traditionnelles, l’individu n’est rattaché à rien, et perd tout lien social. De
là, l’économie comme le fondement de la société. L’État et le marché
renvoient à une même forme de socialisation, celle de l’individu compris comme
autonome.
Cet Etat consacre à la fois la
disparition du lien qui relie les individus les uns aux autres et son
remplacement par le lien qui unit l’individu à l’Etat, totalité de
substitution. La négation de l’individu par cet Etat omnipotent est donc une
conséquence paradoxale de l’individualisme lui-même. L’individu supposé libre,
est en réalité libre uniquement de se soumettre à une totalité qui le dépasse et
sur laquelle il est sans prise. C’est
un retournement de l’individualisme contre l’individu.