Dans l’extrait proposé, Graeber regrette le bon temps des prêts différés entre simples voisins (d’où sa notion de dette), mais d’une part cette solidarité de proximité a - heureusement - toujours cours, d’autre part elle n’est possible et ne le sera toujours qu’entre intimes, pas au sein de pays populeux. Pour maintenir le lien civique dans de telles conditions, il faut savoir "forcer" la solidarité, quitte à placer certains principes sur un piédestal. Plus les peuples dont on escompte du "commun" et de la solidarité sont importants en nombre, plus les principes le permettant requièrent de verticalité. Pour amener des gens qui ne se croiseront jamais à se respecter, il faut médiatiser leurs rapports par quelque chose qu’on leur a appris à révérer communément. C’est la grande impasse des sociétés d’ayants droit modernes.
Et en parlant de "dette", il serait bon que les nouveaux arrivants se sentent, eux aussi, en dette vis-à-vis du pays d’accueil, on éviterait ainsi certains comportements inadmissibles.