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Nycolas 3 novembre 2015 14:41

Du déjà vu 1000 fois. La répétition est peut-être salutaire, à moins qu’il ne s’agisse d’une autre forme de bourrage de crâne...

Le message est intéressant, mais banal. Il ne sert à rien de cultiver ce côté viral en répétant sans arrêt les mêmes voeux pieux. On ne change pas le monde par les pétitions et les "like" facebook. On le change en donnant l’exemple, en montrant la voie, et au final cette vidéo dit beaucoup d’évidences par lesquelles beaucoup sont déjà convaincus, et que beaucoup ne souhaiteront jamais voir en face, mais ne propose rien.

Simultanément, les forces gouvernementales, les lobbies industriels, tentent de forcer la main des populations, en direction de projets tels que la COP21, manipulant et orientant leur indignation, tirant parti des inquiétudes qu’ils ont instiguées, et cela a beaucoup plus d’impact qu’une telle vidéo.

Evoluer dans le bon sens consisterait à mon avis de jeter toutes ces conneries virales par la fenêtre, et de pratiquer le self-defense contre la manipulation. Rien ne peut avoir lieu sans une prise de conscience profonde de la manière dont nous sommes conditionnés. Il est par exemple facile de sous-entendre que tous ceux qui regardent le sport à la télé ont le cerveau lavé. Il est plus compliqué de comprendre que l’homme a aussi un réel besoin de distractions, qu’il en a toujours eu et que cela n’a rien à voir avec l’époque. Ce qui est nouveau n’est que la manière d’exploiter ce trait pour abuser l’humain. Il est donc vain de parler de "la boîte à cons" sans proposer un remplacement. L’homme a un besoin de joie, de divertissement, d’échange et d’amusement. Cela n’est pas mal, sauf lorsqu’une entité manipulatrice y pourvoit, en dépossédant les peuples de leurs libertés à choisir ces distractions. Et ce n’est qu’un point parmi tant d’autres...

Nombreux sont les donneurs de leçons, ceux qui disent de jeter sa télé, ceux qui dénoncent "les jeux vidéo" dans leur ensemble comme s’ils étaient l’oeuvre de Satan, quand ils sont, aussi, une manifestation de la créativité humaine, avec plus ou moins, certes, d’inspiration ou de bonheur. On critique le foot et ses "22 singes courant après un ballon", oubliant qu’il s’agit d’une application moderne de la danse, de la chasse, du besoin de compétition nécessaire à l’humain pour développer ses capacités, dans la nécessité de la survie, certes détourné aujourd’hui dans un divertissement à grand spectacle. On a la critique facile et superficielle, même si c’est souvent avec raison, car on peut avoir raz-le-bol de toutes ces fausses pistes dans lesquelles on tombe tous si facilement.

Bref on critique notre système, à juste titre, mais rares sont ceux qui, en dehors de pointer du doigt des travers finalement assez évidents - même si beaucoup refusent de les voir en face pour ce qu’ils sont - ont un exemple à proposer pour sortir de ces automatismes qui nous maintiennent dans la servitude.

Il y a une raison à cela. C’est que toute la place est occupée par le système, qui a remplacé aujourd’hui tous les aspects de la vie culturelle spontanée que nous savions avoir il y a encore quelques décennies. Tous les espaces, qu’ils soient ceux du divertissement, de l’idéologie, des idéaux mêmes, ont été remplacés et sont désormais occupés par une armée invisible qui pratique un conditionnement permanent à partir des médias, essentiellement. Les médias, nous n’y échappons pas. C’est un peu la tarte à la crême actuelle de présenter internet comme l’idéal par excellence de la libération des peuples. Mais regardez un peu comment nous l’utilisons. Les gens, dans leur ensemble, vont-ils à la source de l’information, où se contentent-ils de la consommer sur internet comme ils l’ont fait ailleurs ?

En leur demandant de rendre virale une vidéo, on leur demande en fait de cultiver la non-pensée qui consiste à croire que parce qu’une idée est avalisée par une majorité, par l’intermédiaire des "tweets" ou des "like", alors c’est qu’elle est bonne, qu’elle est pertinente, et donc qu’elle est juste. C’est exactement ainsi qu’on répand le lavage de cerveau, qu’on favorise la dictature de la majorité, qu’on pousse les masses dans le sens d’un lynchage imbécile et infructueux qui ne fera que canaliser leur colère comme a toujours servi à le faire le principe du bouc-émissaire.

Ici on incrimine les banquiers, là ce sont les journalistes. Nous oublions facilement que le banquier, c’est notre voisin, que le journaliste c’est celui qu’on croise tous les jours dans le bus ou le métro. Ce sont des gens comme moi, comme toi, comme lui. On fonctionne avec des slogans faciles à comprendre, pour des têtes faciles à méprendre. "Je suis Charlie"... je suis banquier, je suis journaliste, je suis ce que je décide d’être, et je peux être qui je décide de comprendre aujourd’hui.

Les journalistes, ceux-là même qu’on incrimine constamment pour leur boulot de merde, pour leur corruption, leur manque de courage, leur inféodation - et là, tous les grands mots y passeront - c’est toi, c’est moi, c’est ton frère ou ta voisine. Il ou elle a probablement une famille, un loyer à payer, des enfants. Ces enfants dont on est si prompts à se servir pour instrumentaliser n’importe quelle cause, pour terroriser n’importe quel contradicteur, quand ils sont des adultes en devenir, ces adultes qu’on déteste tant car l’enfer c’est les autres, ces autres qui nous prennent notre boulot ou nous enlèvent notre pain de la bouche. Ils ont tous, sans exception, été des enfants.

Alors arrêtons avec les simplifications, les pièges, les slogans faciles. Et commençons à réfléchir et à voir la complexité en face, à pratiquer l’auto-défense contre la manipulation et la politisation politicienne de bas étage. Devenons des adultes, et cessons le culte infantilisant qu’est-celui de la consommation, y compris de messages d’espoirs. Ne nous indignons pas, c’est une injonction imbécile qui ne mène à rien, mais agissons avec intelligence et discernement, et n’ayons pas peur d’entreprendre les projets qui fâchent : rebâtir une société tout en sachant que, comme celle d’aujourd’hui, elle aura ses tares. Mais tâchons, au moins, de ne pas reproduire les mêmes, et donc commençons par arrêter de croire qu’une vidéo virale est un urgent message à diffuser alors que c’est essentiellement une énième diversion qui porte à croire que "les consciences commencent à changer". Les consciences ne changent réellement que lorsqu’un exemple leur prouve qu’autre chose est possible. Nous en sommes loin avec ce type de message et d’attitude banale.




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