Et Dieu, dans tout ça ?

Affirmer que "la démocratie est la fille du christianisme" est une vue de l’esprit ou l’expression d’une mauvaise foi. Quelle démocratie peut se prévaloir de cette qualité lorsqu’il existe une religion d’Etat, lorsque les membres des autres cultes ne disposent même pas d’un état-civil, lorsqu’ils sont exclus de facto de la société ? Curieuse démocratie. Il convient de rappeler que ce sont les philosophes du "siècle des lumières" qui ont pour la première fois osé défier le pouvoir temporel de l’église catholique qui, pendant des siècles a asservi les couches les plus humbles de la population, levant ses impôts, ayant ses propres tribunaux, ses propres lois, ses privilèges. C’est la Révolution de 1789 qui a mis un terme à l’intrusion de l’église dans la vie politique et à la monarchie de "droit divin." La loi de 1905, sur la séparation de l’église et de l’Etat a parachevé le processus de séparation des pouvoirs.

A la veille de la réunion des Etats Généraux, l’église se targuait à juste titre d’être "le premier ordre de la nation", par l’immensité de ses richesses matérielles. Elle aurait pu sans nul doute éviter ce choc si elle avait soutenu le pouvoir politique. Elle ne l’a pas fait, sans doute bernée par une grande part de la population réduite à la misère, et peut-être dans l’espoir de devenir le seul ordre politique. La bourgeoisie révolutionnaire en a décidé autrement en fonctionnarisant les membres du clergé et en mettant en vente ses biens. On peut effectivement se demander où était passé Dieu dans les siècles précédents ce séisme révolutionnaire. Secte préoccupée de l’accroissement de ses biens temporels, religion totalement dépourvue de spiritualité, clergé sans cesse en quête de dignités et privilèges, constamment en proie à des querelles intestines, ce n’était plus qu’un fantôme de religion, incapable d’assurer un semblant de cohésion du tissu social. Dieu était bien mort. Et il est à craindre que la pseudo-science des adeptes de l’"intelligent design" ne réussisse qu’à heurter de front la communauté scientifique ou, pire, de la décrédibiliser aux yeux des catholiques qui se détournent de plus en plus de cette religion visiblement à la recherche tous azimuts d’un second souffle. En tout état de cause, une religion qui divise les populations alors qu’elle est sensée, par essence, les rassembler a perdu toute crédibilité.