De quoi les casserolades sont-elles le nom ?
Raphaël Pradeau, militant à ATTAC, à l'initiative du mouvement des charivaris de casseroles depuis le 17 avril dernier, est l'invité de La Midinale.
Pour aller plus loin :
Le dictionnaire de la langue française définit la « casserolade », nom commun féminin, comme « une manifestation populaire dans laquelle les personnes protestant frappent des ustensiles domestiques de métal, dont des casseroles, pour appeler l’attention en produisant du bruit. » (...)
Pour préparer l’arrivée d’Emmanuel Macron les gendarmes ouvrent les sacs et interdisent l’entrée des casseroles dans le village de Ganges.
« C’est illégal » se plaint un manifestant.
« Vous voulez voir l’arrêté préfectoral ? » lui répond le gendarme en allant chercher un papier. pic.twitter.com/FaK1pHfjto— Paul Larrouturou (@PaulLarrouturou) April 20, 2023
Si l’association Attac les encourage en 2023 pour manifester contre la réforme des retraites, les concerts de casseroles ne datent pas d’hier. Leur origine remonte à un rituel coutumier du Moyen Âge, appelé « charivari » (...). Il consistait alors à dénoncer un mariage mal assorti - comme celui d’un veuf et d’une jeune fille - à coups de sifflets, crécelles, casseroles et autres objets, pour perturber sa nuit de noces. (...)
Sous sa forme politique actuelle, la casserolade remonte aux débuts de la Monarchie de Juillet, dans les années 1830 (...). À l’époque, c’étaient les républicains, des opposants au régime de Louis-Philippe, qui frappaient leurs casseroles et ustensiles en cadence et sifflaient pour faire entendre leur voix.
Les concerts de casserole, « l’instrument du prolétaire, un symbole », « deviennent des instruments de justice populaire, d’expression d’une opinion par des gens qui n’ont pas voix au chapitre » (...). Ils visent les notables, « des députés proches du gouvernement de l’époque, un gouvernement de retour à l’ordre, et puis aussi des préfets, donc l’appareil d’État » (...).
Aujourd’hui comme hier, (...) la casserole est l’instrument des sans-grade. (...)
En France comme à l’étranger, la casserole fait exploser le clivage gauche-droite. Cet instrument populaire est très usité en Amérique latine. (...)
Les Islandais y ont recours en 2008, pour obtenir la démission de leur gouvernement après la crise financière. Chaque samedi, casseroles en main ils manifestent devant leur Parlement. Pacifique, la révolution islandaise, aussi appelée « révolution des casseroles » a eu gain de cause. Le premier ministre conservateur annonce des élections anticipées avant de démissionner le 26 janvier 200. Viennent ensuite le tour de la direction de la Banque centrale et de l’autorité de surveillance des banques.
Quatre ans plus tard, les étudiants québécois auront recours à la même musique, en 2012, contre la hausse de leur frais de scolarité, lors du « printemps érable ».
(...) L’instrument populaire qui fait entendre la colère du peuple contre les puissants, est aussi lourd de sens symbolique : les concerts de casseroles rappellent celles que traînent nombre d’hommes politiques. (...)
Source : « Casserolades « : du Moyen Âge à Macron d’où viennent les concerts de casseroles ? (Sud-Ouest, 26 avril 2023).
Tags : Politique Histoire Manifestation Québec Islande
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