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Qu’a-t-on fait d’Aristote pendant 2000 ans ?

"C'est parce qu'on n'osait pas remettre en cause l'autorité d'Aristote qu'on a cru pendant 2000 ans que la Terre était au centre de l'Univers, et encore plus à cause de l'Église qui érigé l'aristotélisme en dogme pendant tout le Moyen-Âge ! Preuve en est : elle a brûlé Giordano Bruno qui avait osé soutenir qu'une pierre qu'on lâche du haut d'un mât d'un navire en mouvement tombe au pied du mât, contre l'opinion d'Aristote (évidemment fausse ! il lui aurait suffit de faire l'expérience...)"

En réalité les grecs n'étaient pas connu de l'Europe occidentale.

Tags : Histoire Philosophie Science et techno




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3 réactions à cet article    


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    Étirév 3 novembre 2020 14:38

    Rappel à propos d’Aristote :
    La civilisation avait commencé en Orient, où les femmes avaient régné longtemps. Elle revenait en Occident de différentes manières, par les Arabes, par les Juifs, par les Cathares, par tous les hérétiques, par les idées rapportées d’Orient lors des Croisades.
    L’influence de la civilisation arabe surtout se faisait sentir. Elle avait déjà sa littérature, ses arts, sa poésie, et surtout sa brillante architecture. Les Arabes avaient fondé des écoles en Egypte, au Maroc, en Syrie, en Perse, en Andalousie ; ils avaient une philosophie qui se développait et qui s’inspirait de la philosophie indienne et de la philosophie grecque. C’est ce mouvement qui, remontant vers le Nord, vint apporter aux écoles de Paris le germe de toutes les grandes idées nées et cultivées autrefois en Orient.
    C’est ainsi que les écrits d’Aristote, connus et enseignés depuis longtemps dans les écoles de Cordoue et de Séville, furent introduits en France en 1215 par un Espagnol nommé Maurice. C’est à la civilisation arabe que la France doit ses arts, ses sciences, ses mathématiques, son architecture, c’est-à-dire tout ce que l’Église laissa passer.
    Mais la Métaphysique d’Aristote inspira de l’inquiétude à l’Église, qui commença par la condamner au feu ; il fut défendu de la transcrire, de la lire, et même de la garder, sous peine d’excommunication. Un siècle plus tard, les prêtres, plus éclairés, s’aperçurent qu’Aristote n’était pas aussi contraire à la théologie qu’ils l’avaient cru d’abord ; alors ils en recommandèrent et en imposèrent même l’étude. Cela prouve le peu de valeur des écrits de ce philosophe.
    La philosophie en Grèce, et l’invention du Dieu mâle, unique et surnaturel, qui devait jouir d’une si grande faveur pendant tant de siècles.


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      ezechiel ezechiel 4 novembre 2020 13:14

      La science moderne naît au Moyen-âge, dans les universités catholiques.

      Les sciences païennes, si on peut parler de sciences (mésopotamiennes, asiatiques, égyptiennes, indiennes, grecques, romaines, perses, arabes, mayas, ...) étaient basées sur l’observation de la nature et de leurs Dieux magiques (Dieu du Soleil, de la Lune, de la Terre, du Vent, de la Mer, de la Forêt,..). La déification des phénomènes naturels empêche chez les penseurs la construction d’une méthodologie scientifique rigoureuse pour comprendre les lois de la nature, tout simplement parce que des Dieux ne peuvent être soumis à une quelconque loi physique ou mathématique. Les dogmes formulés restent donc empiriques.

      Pour les grecs par exemple, la science se construit sur la magie, l’alchimie et l’ésotérisme. Le monde aristotélicien des philosophes grecs repose essentiellement sur les quatre éléments (feu, terre, eau, air) composant le monde, les trajectoires rectilignes du monde corrompu sublunaire, et parfaitement circulaires dans le monde pur au-delà, la théorie des humeurs en médecine (Galien, Hippocrate). Ces dogmes présentent des incohérences totalement irrationnelles du point de vue de la formulation scientifique mathématique.

      Ce paganisme, qui sclérose la science depuis des millénaires, va être attaqué de front par l’Église catholique dès le XIIIème siècle.

      Les premiers à bouleverser l’univers d’Aristote sont les calculateurs de Merton, une génération de philosophes et de mathématicien du XIVème siècle formés dans les universités catholiques, en particulier au Merton College à Oxford.
      Thomas Bradwardine (qui deviendra archevêque de Canterbury), John Dumbleton, William Heytesbury et Richard Swineshead, formés au Merton College, étudièrent la cinématique, ainsi que la notion de vitesse instantanée. Ils furent les premiers à formuler et à démontrer le théorème de vitesse moyenne (fondement de la loi de la chute des corps) : « un corps se déplaçant à vitesse constante parcourt la même distance qu’un corps uniformément accéléré si sa vitesse est la moitié de la vitesse finale du corps accéléré », longtemps avant Galilée, auquel on continue généralement à l’attribuer.

      Nicole Oresme, évêque de Lisieux, est un des premiers à concevoir le principe et l’utilité des coordonnées cartésiennes pour la représentation graphique de phénomènes quantitatifs
      La démonstration d’Oresme est le premier exemple connu d’un problème physique modélisé sous forme graphique d’une fonction mathématique.
      Le découpage de la trajectoire du mobile en petits rectangles est tout à fait révolutionnaire, il annonce l’avènement du calcul infinitésimal appliqué aux sciences, qui ne sera élaboré sous sa forme définitive que trois siècles plus tard, au XVIIème siècle par Newton et Leibniz.


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        ezechiel ezechiel 4 novembre 2020 13:30

        Giordano Bruno est un prêtre dominicain hérétique ayant vécu à la fin du XVIème siècle. Excommunié par l’Église catholique pour avoir blasphémé contre la Sainte Trinité, Jésus Christ et la Vierge Marie, il a cependant continué de propager ses hérésies pendant plus d’une dizaine d’années à travers toute l’Europe malgré les avertissements répétés de l’Église.
        Giordano Bruno n’était pas physicien, il rejetait la trigonométrie naissante, et considérait la rigueur des mathématiques appliquées aux astres et à la nature comme une hérésie et un mensonge.
        Giordano Bruno paraît donc d’accord avec Aristote pour faire des mathématiques une science facilement accessible à l’esprit humain mais abstraite, qui ne permet pas de connaître les choses naturelles, et dont la pratique est vaine pour qui cherche à comprendre la substance des chose. Le "Cantus Circaeus" affirme ainsi l’inutilité de l’abstraction mathématique :
        "Les sujets purement mathématiques ne peuvent être d’aucune utilité, dans la mesure où ils sont abstraits"

        Pour Giordano Bruno, l’Univers est un tout formé d’objets interconnectés par des liens magiques, mêlant alchimie et ésotérisme, héritage de théories hermétiques non rationnelles, qu’il utilise pour discréditer l’Église catholique et tromper les bonnes âmes en Europe.
        Dans des ouvrages tout aussi incantatoires les uns que les autres, comme "De la magie", Giordano Bruno explique comment les démons nous parlent, et enseigne une doctrine moniste où toutes les choses de la nature, des pierres aux plantes ont une âme. Ce qui empêche tout raisonnement rationnel et scientifique  :
        "Il y a analogie avec la situation de qui désire éveiller l’attention : à une certaine distance, il doit élever la voix, afin que ses propos parviennent par la voie auditive au sens interne de l’autre : alors que de près, il suffit de murmurer à l’oreille. Un démon n’a pas besoin de la voix, ni même du murmure : il pénètre directement le sens interne, comme on l’a dit. C’est ainsi que les démons envoient des songes, font entendre des voix et voir des choses étranges, mais aussi suggèrent à l’état de veille certaines pensées dont nous ignorons qu’elles nous sont dictées par une force extérieure, tantôt inculquant une vérité par énigmes, tantôt la signifiant plus nettement ; s’appliquant peut-être, d’autres fois, à nous tromper."

        "Venons-en maintenant à des questions plus précises. Les mages ont pour axiome qu’il faut, en toute œuvre, garder à l’esprit que Dieu influe sur les dieux ; les dieux, sur les corps célestes ou astres, qui sont des divinités corporelles ; les astres sur les démons qui sont gardiens et habitants des astres - au nombre desquels est la Terre ; les démons sur les éléments, les éléments sur les corps composés, les corps composés sur les sens, les sens sur l’animus, et l’animus sur l’être vivant tout entier : ainsi descend-on l’échelle."

        Giordano Bruno n’est donc pas un scientifique, il propagera ses théories irrationnelles mélangeant ésotérisme et religion, qu’il s’acharnera à faire passer non pas comme des hypothèses, mais comme une vérité absolue.
        Les thèses de Giordano Bruno peuvent aujourd’hui prêter à sourire, mais à l’époque, elles constituaient un obstacle considérable à l’avancée de la connaissance scientifique.



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