D’un point de vue strictement personnel, j’ai toujours aimé Noir Désir, le groupe, pour leur musique rock à la française, qui n’a rien à envier aux stars américaines ou anglaise. L’appréciation de leur musique, c’est comme approcher toute autre forme d’art : c’est subjectif, on aime ou pas.
Il faut donc bien distinguer le fait divers de l’art.
L’homicide involontaire (c’est mieux que de parler de "meurtre", ce qui sous-entend une préméditation, non ?) est avéré, et Bertrand Cantat a été condamné. Il a bénéficié d’une remise de peine et n’a finalement purgé que 3 ans d’emprisonnement au lieu de 8. C’est tout de même bien peu pour quelqu’un qui a donné la mort, fut-elle involontaire et sous emprise de la drogue. Je me demande si un tribunal aurait été aussi clément pour une personne inconnue du public.
Quoi qu’il en soit le groupe Noir Désir continue de produire de la musique, mais évidemment aucune promotion n’est faite sur leur production. Fin 2010 devrait sortir leur prochain album. Je l’attend avec impatience, indifféremment de la sombre histoire qu’à connu Bertrand Cantat.
L’acte qu’il a commis n’est pas excusable, d’aucune façon. Mais voilà, c’est fait, et aucun retour en arrière n’est possible. Alors oui, Bertrand Cantat devra désormais vivre avec ce souvenir jusqu’à la fin de ses jours, et nul doute que ce soit un fardeau énorme à porter. Il ne faut pas oublier cependant que la peine de la famille Trintignant ne pourra pas plus être effacée et que la clémence de la justice doit les indigner, ce qui est bien naturel.
Doit-on renier pour autant avoir aimé le groupe ? Je ne crois pas. C’est là qu’il est nécessaire de faire preuve de bon sens. Si vous aimiez Noir Désir avant l’événement de Vilnius, vous ne devriez pas moins aimer aujourd’hui leur musique, ce qui n’empêche en rien de réprouver les actes criminels et les violences faites aux femmes.
C’est un cas de conscience : peut-on apprécier l’oeuvre d’un artiste alors qu’il s’est rendu coupable d’un acte criminel ? Je dirai que oui, si on sépare bien les deux choses.
Enfin, je crois qu’en cette période de crise, il serait de bon ton de relativiser un peu. Dites-vous que dans de nombreux gouvernements il y a une multitude de criminels autrement plus condamnables qui courent toujours (et qui jouissent d’une immunité, qui plus est).
Le monde est ainsi fait, c’est triste, mais que pouvons-nous y faire ?