Marchands du Temple
Prendre soin de son corps, de sa
santé, de son apparence, pourquoi pas ? Mais il n’y a pas de publicités
qui proposent de prendre soin des autres, or, pour que toutes les conditions
soient réunies d’une amélioration de tous ces paramètres, la notion de lien
avec les autres est primordiale.
La publicité flatte l’égo, elle
dit : « vous le valez bien » ou : « prends soin de
toi ! ». Il n’y a que de s’adresser à l’ego qui soit finalement et
financièrement rentable. Le publiciste n’est pas un philanthrope ; pour le
profit, il a perdu toute notion d’intérêt général, de conscience. Le public
doit être flatté à coups de publicités martelées sans discontinuité.
La télévision est complice de cette
séduction toxique, abrutissement généralisé, asservissement du consommateur.
Complice parce qu’elle vit de cette publicité infantilisante et ne cherche pas
à s’en défaire, c’est sa poule aux œufs d’or.
Le consommateur doit être con,
sot et mateur, ne plus réagir, ne pas opter pour des solutions alternatives,
plus naturelles, qui lui donneraient un mieux être.
Ce que l’on appelle démocratie
aujourd’hui est un mauvais usage de la liberté qui incite à une création de
besoins complètement artificiels qui induit un rapport de force de producteur à
acheteur et rien d’autre dans les relations humaines.
Les marchands sont dans le temple
de cette démocratie, ne sont pas chassés, ont banalisé l’exécrable :
l’exploitation de l’homme par l’homme.
Ils ont distrait la plupart des
gens de leur devoir de solidarité gratuite, les échanges ne se faisant plus que
contre monnaie sonnante et trébuchante. Toute valeur s’efface devant la
cupidité et la vénalité institutionnalisées.
Si la démocratie est malade, elle
ne reconnaît pas son mal pour la raison qu’elle ne prend pas un temps de pause
dans la ruée vers le profit ; elle est constamment en excès de vitesse et
jamais pénalisée. Pas de prévention, le mot n’a plus cours.
Le système de flux d’argent des
plus petits vers les plus gros est entretenu en temps réel en une stratégie
financière où le respect du travail ne compte plus mais le gain.
Quelle vitesse est
pénalisée ? Celle de Tartempion qui se fait piéger par un radar :
encore de l’argent qui remonte vers les gros pleins de sous, vers les
trafiquants d’argent et de devises.
On vous propose même des cours de
trader sur le NET. Tout le monde va s’y mettre et tout le monde sera transformé
en machine à sous. Une machine à sous, ça fonctionne mais ça ne vit pas et ça
se fout de l’homme, c’est voué à l’échec.
L’exploitation du dysfonctionnement
entérine le dysfonctionnement, le fait s’étendre à toutes les activités de la République. L’exemple
le plus significatif est dans la consommation d’anti dépresseurs et de drogues
diverses : le climat délétère fait vendre.
L’exploitation politique de la
peur qui engendre le vote sécuritaire comme seul critère de choix est
évidemment toxique et là encore, par résignation, on accepte cette pollution,
la banalisation de l’exécrable, comme d’admettre qu’il y ait des gens à la rue.
On ne contrôle plus, on ne
prévoit plus, il y a belle lurette que l’on est dépassés par les évènements,
anesthésiés par les médias qui se pressent de capter l’information qui induit
plus le voyeurisme qu’elle n’est édifiante, concurrence oblige, il faut frapper
bas.
Vivre par le fric, survivre par
le fric, le piège à cons fonctionne très bien et n’est pas prêt d’être remplacé
par une convivialité qui donnerait aux ressortissants de ce pays le libre
arbitre, la dignité qui devrait être la leur.
L’uniformité nous unit dans un
confort mité qui ne donne pas le goût de la liberté, le choix de solutions
autres de vivre mieux, plus dignement. Prenons tous une corde et chassons les
marchands du Temple de la vie sinon nous sommes voués à mourir étouffés sous le
carcan. Le temps est venu de se ressaisir. Stop à la résignation !
A.C