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Commentaire de poetiste

sur Pierre Arditi et les banques : les contradictions d'un homme de gauche


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poetiste 12 janvier 2011 10:20

Cinéma réalité.

Arditi joue dans : "Arditi gagne sa vie"

A quoi reconnaît-on que l’on est amoureux ? C’est très simple. On est amoureux quand on commence à agir contre son intérêt.

C’est de François Truffaut dans : l’amour en fuite.

Ce genre de phrase, c’est du cinéma, au sens le plus péjoratif du terme. C’est un raccourci qui tronque la vérité, la minimise, la dévie de son sens. Bref, c’est une bêtise.

Le cinéma voudrait donner en quelques heures des impressions artificielles censées apporter un peu de rêve dans une vie qui ne peut se départir d’une certaine monotonie.

La consommation d’histoires virtuelles, plus ou moins éloignées de la réalité, fait partie de la consommation dans son ensemble et ces produits fictifs n’ont jamais le label « bio » s’ils ne nourrissent l’esprit, s’ils ne sont pas édifiants.

On ne saurait dire le côté toxique du rêve, de la drogue cinématographique, magnifiant des rôles d’acteurs en des films exacerbant le désir de paraître chez le cinéphile.

Le cinéma n’échappe pas au racolage médiatique qui manipule plutôt que d’apporter une saine réflexion.

Il suffit de voir le festival de Cannes pour avoir une notion de ce que peut être la foire aux vanités. Les acteurs baignent dedans et font rêver les gogos à partir d’un faste quasiment religieux sur invitation. Les olympiens sont des ectoplasmes habillés par les grands couturiers.

Le monde du cinéma est enclin à tous les excès car sur le nuage, on doit bien avoir la frustration d’une réalité plus concrète, plus proche de la vie.

Comment imaginer le métier d’acteur sans le justifier d’une manière ou d’une autre, sans l’emploi de superlatifs, de flagorneries devant les médias, à l’endroit d’autres acteurs, ceci pour entretenir le mythe ? On ne crache pas dans la soupe !

En dehors des caméras télé et des journalistes, on ne dit plus : « untel est un acteur formidable », « un autre est un comédien merveilleux ». On est de l’autre côté du double jeu, en une réalité où il convient de se faire une place, d’obtenir des contrats.

Le cinéma est l’art précurseur d’un monde en représentation où le virtuel et le réel se côtoient, le virtuel pour anesthésier et le réel pour vendre, spéculer, s’enrichir d’argent.

Certes l’illusion fait vivre mais il y a peu de Molière dans le monde cinématographique pour interpeller ; l’affaire est commerciale.

Les politiques et les acteurs se connaissent, se retrouvent sur les plateaux télé, ils fréquentent les plus riches et comme tous ces personnages, ils se déconnectent de la base. Avec la complicité des médias, une imposture est en marche.

Le monde politique est devenu un jeu, il est devenu du cinéma. On voit même des politiques se livrer à des jeux télévisés, comme s’ils n’avaient rien d’autre à faire en une période de déprime profonde, d’inégalités entre les citoyens.

Pendant que des gros pleins de sous spéculent, ni vus, ni connus, des téléspectateurs frustres ont les yeux rivés sur leur écran, fascinés par des jeux d’argent ? Ils ne pensent pas à leur salaire qui s’enfuit aux Bahamas, ils rêvent d’un gain improbable, aléatoire.

L’obsession de l’argent, de la propriété privée, a gagné toutes les batailles en notre démocratie et nous tentons de respirer dans un air de plus en plus délétère.

Le gouvernement est devenu régalien mais sans Molière, plutôt bonapartiste. La pieuvre du centralisme des préfectures a repris du service pour une répression régression. Le Nabot Léon de Victor Hugo est de nouveau au pouvoir.

Mais l’Europe n’est plus à sa portée, le nouveau Napoléon a misé sur la peur, sur le sécuritaire pour se faire élire et il pourrait bien se faire dépasser par un parti plus radical en la matière auquel il avait fauché des voix.

Voilà ce que l’on peut appeler du cinéma au sens le plus péjoratif du terme, ce cinéma d’une vie en laquelle nous sommes tous plus ou moins figurants. Le film n’est pas encore un thriller mais pourrait bien le devenir.

Qui est le metteur en scène de tout ça ? Qui est le producteur du film ? Un esprit malsain, sans doute, un marchand de rêve.

Je suis allé voir : « Alice au pays des merveilles ». Quel beau film mais impossible de le confondre avec une quelconque réalité : juste deux heures de rêve.

Je suis allé voir : « Des hommes et des Dieux ». Quel beau film mais impossible de le confondre avec un rêve. Personne ne parlait à la sortie.

Tiens ! Y aurait-il un cinéma réaliste et édifiant ?

 

A.C


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