@ Ariane Walter
Vous soulevez une question physique intéressante, qui est la suivante : comment se fait-il que les vagues géantes des iles Hawaï ( qui ne sont pas un tsunami, contrairement à ce que fait abusivement croire le titre de la vidéo ) que l’on voit affronter ce surfer ne créent aucun raz de marée à terre à l’endroit ou elles arrivent, alors que les vagues nettement moins hautes de ce tsunami japonais créent des dégâts considérables .
J’avoue que la question m’a taraudé l’esprit pendant quelques jours, mais , après avoir mûre réflexion, et bien que n’étant pas physicien, j’y vois deux explications :
1°) Les plages des îles Hawaï sont exposées depuis des millions d’années à cette houle du Pacifique , par conséquent, le profil des plages et zones côtières à été sculpté par ces vagues de façon qu’un équilibre ce soit formé, avec des plages assez abruptes dont la dénivellation doit excéder la hauteur des vagues les plus grandes. Tandis que sur les vidéos japonaises, on voit bien que les zones attaquées par le tsunami sont des zones d’estuaires avec de vastes plaines côtières dont le dénivelé est très faible .
2°) La quantité totale d’eau déplacée lors des vagues géantes d’Hawaï est beaucoup moindre que dans le cas du Tsunami.
Dans le cas des vagues hawaïennes, il s’agit d’une houle engendrée par le vent, dont la longueur d’onde diminue et l’amplitude augmente à l’arrivée près des côtes, mais, somme toute, cette grande vague n’est qu’un rideau d’eau de très faible épaisseur , donc la quantité de mouvement de cette masse d’eau est relativement faible, et donc son énergie cinétique l’est également. Par conséquent son pouvoir destructeur est faible.
Dans le cas du tsunami japonais, la quantité d’eau déplacée est bien plus grande que celle déplacée par le vent dans la houle du Pacifique . En effet, la côte nord du Japon, suite au séisme, s’est déplacée de 4 mètres vers l’est sur environ deux cent kilomètres. On a donc un parallépipède rectangle d’eau de 4 m sur 200 km et peut-être plusieurs centaines de mètres de profondeur qui s’est retrouvé brusquement déplacé, c’est à dire une énorme quantité d’eau, sans commune mesure avec la quantité d’eau déplacée par le vent dans une houle du Pacifique. Par conséquent, la quantité de mouvement de cette eau était énorme, et donc l’énergie cinétique et le potentiel destructeur l’étaient également.
La vague de 10 mètres n’est qu’un épiphénomène, le phénomène principale est le débordement, la vague n’étant que le front visible d’une gigantesque quantité d’eau en déplacement qui se trouve derrière. On voit d’ailleurs dans les quelques vidéos prises dans les bassins de port, on voit l’eau monter comme une marée très rapide, mais sans la moindre vague, après quoi les bateaux à quai finissent par passer par dessus les digues.
On ne peut d’ailleurs que regretter que l’excellent terme français de " raz de marée " ait été remplacé par le terme japonais" tsunami " qui signifie " vague de port ", car le mot français donne une description beaucoup plus parlante d’une " mer qui déborde " ce qui ressemble clairement à ce que l’on voit sur les nombreuses vidéos.
S’il y a des physiciens parmi les lecteurs, il serait intéressant d’avoir leur opinion sur la question du différentiel destructeur entre les vagues ordinaires et le tsunami, car , n’étant pas spécialiste, il est possible que la réflexion que j’ai eu à ce sujet soit totalement erronée .