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Commentaire de Walid Haïdar

sur Discours de lancement de la campagne présidentielle du Front de Gauche


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Walid Haïdar 1er juillet 2011 12:43
Désolé de répondre en argumentant largement et calmement :

Mélenchon n’avait pas voté un bombardement impérialiste de la Lybie. Il avait voté pour l’exclusion de l’espace aérien au dessus de la Lybie, et ce afin que Khadafi cesse de pilonner ses opposants. Confondre les deux est malhonnête, et pire : cela résonne comme s’acceptation de ce que les résolutions de l’ONU sont faites pour être outrepassées. Des millions de gens étaient dessendus dans la rue pour protester contre le fait que les USA étaient allés en Irak sans l’aval de l’ONU. Aujourd’hui on en est rendus à ce que de bonnes âmes accusent l’ONU des pérégrinations illégales des impérialistes.

Par ailleurs Mélenchon se trompe sur l’aspect révolutionnaire de la rebellion Lybienne, qui n’a rien à voir avec ce qui s’est passé en Tunisie ou en Egypte. Mais le vote de cet résolution était-il injustifié ? quel message envoyés aux autres dictateurs s’ils peuvent impunément bombarder toute rébellion ? Quid de la médiation complémentaire à cette résolution, qui a été proposée pour que cessent les affrontements militaires ? Mélenchon n’a strictement aucune responsabilité dans les frappes de l’OTAN, c’est pourquoi vos propos sont infamants, et diffamants. Le seul tord qu’il peut avoir sur cette question, c’est de faire une erreur d’analyse. En attendant votre homme providentiel parfait, on l’excusera de ce peu, d’autant que ses analyses géopolitiques sont le plus souvent justes et claires.

Sur sa participation à un gouvernement qui privatisait, vous tombez encore dans le panneau. Si le PS était un océan de calme et d’unité, cela se saurait. Les gens y ont de vives désaccords, certains tirent vers la droite, d’autres vers la gauche, et ce sont les premiers qui tirent plus forts et à plus nombreux depuis longtemps. Mélenchon a simplement fini par comprendre qu’il était définitivement impossible de tirer le PS vers la gauche de l’intérieur, alors il est parti. Il a participé à un gouvernement qui privatisait, mais quitte à être simpliste, disons aussi qu’il a participé à un gouvernement qui a fait baisser le chômage, eu des excédants budgétaires, fait baisser la durée légale du travail et donc le salaire horaire. Le simplisme ne mène nul part, et ne dit rien.

Enfin, concernant Maastricht, Mélenchon à l’époque pensait que Maastricht apportait plus de bien que de mal, mais dans la perspective d’un combat pour une reconquête idéologique de la gauche en Europe, qui permettrait d’aller vers une harmonisation sociale en Europe, par le haut. Ce pari a été perdu. Aujourd’hui, libre à chacun d’apprécier comme il l’entend la possibilité d’un effondrement de l’idéologie dominante en Europe. Certains disent "puisqu’on est trop nombreux, l’Europe est nécessairement un colosse aux pieds d’argiles". C’est un point de vue qui se défend très bien. D’autres disent "le système libéral capitaliste et productiviste s’effondre, c’est le moment d’oeuvrer pour le basculement civilisationnel en Europe". C’est un point de vue qui se défend aussi, et bien entendu, il s’agit de faire coïncider ce basculement avec un basculement des institutions européennes, de l’intérieur, quitte à ce que cela implique une scission selon le rapport de force en présence. Le programme du FdG comprend la désobéissance au traité de Lisbonne, le fait de dire "NON, on applique pas vos principes qui vont à l’encontre de notre programme politique, et en plus on vous explique pourquoi vous avez intérêt à faire comme nous". C’est un autre point de vue qui se respecte. L’analyse et la confrontation entre ces points de vue vaut mieux pour les intérêts des peuples, que les querelles de chapelles dogmatiques. Je vous concède sans problème que le dogmatisme est en l’occurrence trop bien partagé par les deux points de vue.

Vos amalgames sont stériles et ont pour seul intérêt de faire l’économie de la réflexion. Si vous voulez cesser de vous faire entuber, le mieux est d’essayer d’y voir clair, et ça commence par être précis et éviter les raccourcis faciles.

Asselineau n’est pas un ange descendu du ciel. C’est un homme intéressant, dont les propos méritent d’être écoutés, et analysés, et non pas gobés comme paroles d’évangile.

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