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Commentaire de Catherine Segurane

sur Vers un Patriot Act français


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Catherine Segurane Catherine Segurane 23 mars 2012 19:50
Une cible peut en cacher une autre : quels sont les sites internet dont « Sarko » souhaite criminaliser la consultation ?

« Désormais, toute personne qui consultera de manière habituelle des sites Internet qui font l’apologie du terrorisme ou qui appellent à la haine et à la violence sera punie pénalement » : Nicolas Sarkozy annonce un nouveau délit pénal sur le modèle de celui qui sanctionne la consultation de sites pédophiles (source).
Ce super-Hadopi mérite analyse, car les sanctions prévues ne sont pas dirigées contre les seuls visiteurs de sites terroristes. Au moyen d’un tour de passe-passe digne d’une table de poker du Far-West, Sarko s’apprête à frapper bien au-delà du public des sites terroristes. Il pourrait même diriger plutôt ses coups vers ceux qui les dénoncent.


Explication de texte :
Deux sortes de personnes visitant des sites sont visées par cette annonce.
D’une part, ceux qui visitent "des sites qui font l’apologie du terrorisme".
D’autre part ceux qui fréquentent des sites qui "appellent à la haine".
Ces deux catégories de lecteurs nous paraissent mériter des commentaires distincts. Nous sommes en présence d’une valise à double fond.

1 - Ceux qui fréquentent des sites qui font l’apologie du terrorisme

Il est précisé que les personnes visées sont celles qui fréquentent ces sites de façon habituelle. Priver d’auditeurs ceux qui font l’apologie du terrorisme est chose souhaitable, et donc, en première analyse, nous ne sommes guère choqués par cette disposition.
Nous trouvons juste un peu paradoxal que notre gouvernement néglige des moyens plus simples de priver de public ceux qui font l’apologie du terrorisme.
Il pourrait, par exemple, priver de visas les chefs islamistes les plus dangereux, et les empêcher ainsi de faire des tournées dans les mosquées de France et de prononcer des conférences. Or, il vient d’accorder des visas à deux prédicateurs particulièrement dangereux qui pourront ainsi jouer les vedettes au prochain congrès de l’UOIF (source).
L’un de ces prédicateurs, Al Qaradawi, intervient tous les jeudis sur la chaîne qatarie Al Jezira, qui peut être captée en France par câble ou satellite (source). On citera en particulier cet extrait de son émission du 28 janvier 2009 (source) : 
"Tout au long de l’histoire, Allah a imposé aux [Juifs] des personnes qui les puniraient de leur corruption. Le dernier châtiment a été administré par Hitler. Avec tout ce qu’il leur a fait - et bien qu’ils [les Juifs] aient exagéré les faits -, il a réussi à les remettre à leur place. C’était un châtiment divin. Si Allah veut, la prochaine fois, ce sera par la main des musulmans.."
Si Sarko interdisait la diffusion en France d’Al Jezira et de quelques autres chaînes du même tonneau, ce serait une excellente chose, mais il ne fera pas ce chagrin à son ami l’émir du Qatar. Dans un tel contexte, il est bien ridicule de s’en prendre à des sites internet, même appelant au terrorisme.

2 - Ceux qui "appellent à la haine"

Seront également passibles de sanctions pénales ceux qui visitent régulièrement les sites "appelant à la haine"
Que faut-il entendre par là ?
Le site PC Impact s’interroge :
"Cependant rien que le concept d’apologie de la haine est une notion particulièrement floue. Par exemple, est-ce qu’un site où des commentaires comparent un candidat à Hitler est « haineux » ? Si oui, est-ce que lire habituellement ces propos sera réprimé ? De même, où commence et où s’arrête la haine ? Va-t-elle frapper par exemple ceux qui tentent de cliver une population en gesticulant sur la question de la viande hallal et casher ? Ou ceux qui considèrent qu’un ça va, mais c’est quand il y en a beaucoup que cela pose problème ?"
En réalité, on sait bien que, pour les associations de police de la pensée, toute critique de l’islam ou de quelque communautarisme de minorité protégée s’apparente à de la haine, comme le montre quelques procès récents (Brigitte Bardot, Zemmour, Riposte Laïque).
Ce ne sont pas les islamistes que l’on traîne en justice pour un oui pour un non ; ce sont ceux qui les dénoncent.
C’est quand même un vrai tour de passe-passe d’utiliser les crimes de Mohamed Merah pour rendre encore plus difficile la tâche de ceux qui essaient de combattre le fascisme vert.
Riposte Laïque analyse bien ce phénomène dans cette vidéo :


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