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Commentaire de Walid Haïdar

sur Débat Charles Beigbeder / Alexis Corbière


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Walid Haïdar 30 juin 2012 23:09

Pourquoi résumer le Front de Gauche à Mélenchon le Jacobin, alors que tout n’est pas Mélenchon ni Jacobin au FdG ou même au PG (loin de là d’ailleurs) ?


Pourquoi faire comme si le fait de virer la droite était forcément le signe d’une adhésion au PS, ou d’un projet de maintien de l’alternance UMP-PS ad vitam eternam ? Il me semble en l’espèce que si l’UMP l’avait emporté en 2012, on aurait pu être presque certain que le PS l’aurait emporté en 2017. D’un point de vue purement logique donc, je trouve incompréhensible cette association simpliste entre faire battre la droite et oeuvrer pour l’alternance immuable, et encore moins pour gratter quoi que ce soit de la part du PS, puisque ni le PG, ni le PC, ni aucun parti du FdG n’a demandé quoi que ce soit, et n’a reçu quoi que ce soit, en dehors du mépris. Le FdG est simplement, et clairement, autonome vis à vis du PS : alors ça pique, cette autonomie s’acquiert dans un contexte de vague rose, mais Syriza faisait 4,5% quand le PASOK prenait le parlement grec en 2009...

Sur le procédé spécieux qui consiste à dire : "le FdG ne dénonce pas ceci ou cela donc..." Quand on voit les exemples calamiteux... sur l’incontournable "loi de 73" : les mecs vont se faire des pendentifs loi de 73 bientôt avec un coeur brisé "I hate 73", ça résumera bien l’étendue de leur conception de la politique : un fétichisme. Alors que le FdG demande un audit de la dette, et qu’il répète sur tous les tons qu’il souhaite que la BCE prête directement aux états. Alors la réponse c’est "mais c’est une arnaque, la BCE ne prêtera jamais directement aux états et il le sait très bien". Non, personne ne le sait très bien, mais quoi qu’il en soit, il y a une méthode très simple qui a été exposée dans un document parfaitement clair et concis, en 4 étapes, et au bout des 4 étapes de la négociation, si les autres n’ont pas lâché ce qui nous semble fondamental, on l’applique au niveau national, et en particulier, l’émission de la monnaie en étant, ça se ferait pas la banque de France s’il s’avérait impossible de le faire par la BCE.

Pourquoi ne pas considérer les partis politiques comme ni plus ni moins que des outils ?

La lutte sociale est-elle favorisée ou défavorisée par un pouvoir FdG plutôt qu’UMP ou PS ou FN ? c’est ça la question. Par exemple, les grandes avancées des luttes sociales des années 30 ont vu le jour sous le front populaire. Celles du CNR sont largement dues à la présence de communistes et autres personnes de gauche dans le CNR, et enfin celles de 81 ne sont pas négligeables.

La force politique qu’on choisit d’appuyer doit, à mon sens, mais bon je peux me tromper, résulter du questionnement assez basique et pragmatique précédent, mais fondé. Quel pouvoir politique me permet de défendre le mieux ma propre action militante de citoyen à un moment donné, parmi ceux qui manifestement se donnent les moyens de rassembler pour l’emporter à terme plutôt que de se diviser an 3000 anges de vertu intransigeants, pour ne pas dire autistes ?

Par contre, ce questionnement n’en efface pas un autre qui est : quel système politique est-il urgent d’instaurer ? Et la ma réponse personnelle est assez éloignée du FdG actuel, puisqu’il s’agit d’une combinaison d’anarchie et de communisme primitif (les hiérarchies en moins donc).

Et ce qui vaut pour les partis politiques vaut pour tout le reste : les syndicats, les associations de tous ordres.

D’ailleurs pour les syndicats c’est un peu la même histoire, on prend les exemples de corruption ou de détournement de l’outil syndical à des fins crapuleuses, et on décrète que "les syndicats, c’est de merde", alors que dans la réalité, énormément de syndicalistes se battent et pas qu’un peu, avec une générosité et un courage certains, et obtiennent concrètement tout un tas de choses, qui ne sont pas des détails, qui sauvent des familles, des vies.

J’attend d’être convaincu, mais en attendant, ceux qui confondent les vices d’une entité avec l’entité même me semblent bien stériles, et surtout hypocrites, pour appeler un chat un chat.

Exemple de points sur lesquels le Front de Gauche ne dit rien de pertinent qui soit audible :
- l’utilisation de la technologie, et en particulier de l’informatique, pour transformer le lien entre administrateurs et administrés (je ne parle pas de la trivialité d’envoyer des courriers électroniques plutôt que du papier, qui ne constitue en rien une transformation du rapport en question).
- un vice fondamental de notre démocratie dans le contexte techniciste du capitalisme moderne : l’inflation vertigineuse des lois et de leur complexité
- le front de gauche parle de planification écologique, mais il ne développe pas (encore ?) la forme de cette planification. S’agit-il d’un désastreux et impossible top-down centralisé ? ou s’agit-il d’articuler un projet national global, donc théorique (ou idéale, disons, décidée dans les grandes lignes par le peuple entier), à son application sur le terrain, concrète donc locale, impliquant dès la conception, l’initiative citoyenne ? La réponse triviale du type "comme Mélenchon est Jacobin, alors la première option est forcément celle à laquelle le FdG pense, est pour moi inconsistante, et intellectuellement fainéante. Son Jacobinisme peut très bien s’inscrire dans la seconde option : le productivisme de Mélenchon s’est transformé en quasiment son contraire dans les années 90, son Jacobinisme peut bien lui aussi avoir évolué depuis ses premières lectures sur 1789... et le FdG n’est pas Mélenchon.
...

De toutes façons, je ne sens rien d’intelligent en dehors du pragmatisme le plus froid. Si les choses ne se font pas de façon plus fluide, par conquêtes pragmatiques, elles se feront pas cassures et déchirures, et ce n’est pas moi qui aurait alors le plus de chances d’en souffrir.

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