Parce que si c’est un fond off-shore qui dicte les investissements, il y a aucun risque ??? Lisez Nicholas Swaxson (malgré son titre) pour plus de nuance dans ce qui est privé et publique :
A la conférence de Bretton Woods en 1944, où Keynes menait la délégation britannique [3],
Roosevelt imposa un système de taux de change fixes destiné à permettre
pour l’après-guerre l’émergence d’un monde d’Etats-nations souverains
coopérant à leur développement, libres de toute oppression. Dans ce
monde nouveau, l’Empire britannique ne pouvait plus subsister sous sa
forme séculaire. Ainsi est née, nous révèle Shaxson, l’Empire financier
offshore de la City, une simple mue de l’Empire britannique.
The British Empire reloaded
Alors que « l’empire formel britannique s’effondrait (…) quelque chose de nouveau émergea à Londres et allait remplacer le vieil empire ».
Dès juin 1955, identifie Shaxson, alors que le pouvoir de la City
reposait sur la domination mondiale de la livre sterling, les banques de
la City commencèrent à contourner le système de contrôle des changes de
Bretton Woods, en acceptant des dépôts en dollars sans lien avec leurs
transactions commerciales, tout en offrant des taux d’intérêt
« nettement supérieurs » à ce qu’autorisait la loi américaine. Les
banques d’affaires londoniennes « basculèrent leur activité internationale de prêt de la livre sterling vers le dollar » ;
c’est le début du marché des eurodollars (dont l’un des instruments est
aujourd’hui le Libor) qui permit à la City de prendre progressivement
le contrôle de la monnaie américaine et d’en faire un instrument clé du
nouvel Empire britannique [4]. « La
Banque d’Angleterre n’essaya ni de stopper ce nouveau business, ni de
le réguler. Elle exigea simplement que les transactions n’aient pas lieu
au Royaume-Uni ». Ces opérations allaient donc se dérouler hors d’Angleterre, mais « à l’intérieur de l’espace souverain britannique ».
Shaxson
relate que la première expérience réelle de plate-forme offshore débuta
en 1959, lorsque l’argentier de la pègre euro-américaine, Meyer Lansky,
dû évacuer en urgence de Cuba ses opérations de blanchiment. « Les
Bahamas, ce vieux comptoir britannique qui servit à approvisionner en
armes les Etats esclavagistes de la Confédération, étaient parfait (…)
Londres semble avoir donné son feu-vert et Lansky bâtit son empire ».
C’est à partir de là, puis des Iles Caïmans et des Bermudes, que s’est
mis en place la filière londonienne qui visait à rétablir les liens
entre la City et Wall Street, en permettant aux banques américaines de
se soustraire à l’autorité de la loi Glass-Steagall instaurée en 1933
pour les museler.