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Commentaire de Walid Haïdar

sur Conférence : Frédéric Lordon et Fabien Danesi


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Walid Haïdar 4 mars 2013 17:22

En fait Machiavel, au sujet de la source des valeurs suprêmes chez Spinoza, la réponse se trouve dans la vidéo, enfin en tous cas je suis tout à fait d’accord avec la lecture que fait Lordon de Spinoza à ce niveau :

La valeur suprême pour Spinoza est la Raison, en tant que c’est le seul objet dont je peux jouir sans empêcher un autre d’en jouir, dont la jouissance que j’en tire améliore même les conditions dans lesquelles les autres peuvent en jouir, et que je peux partager de sorte de n’en perdre rien, et même d’y gagner.
Par exemple, si je sais faire des maths et que ça me rend heureux, ça n’empêche personne d’être heureux, je peux même aider d’autres personnes à faire des maths, en leur expliquant des maths j’améliore directement ma compréhension, au moins un tout petit peu, et à terme les jeunes que j’ai aidé pourront améliorer mes connaissances en produisant de nouveaux théorèmes. Ce n’est qu’un exemple.

Le troisième genre de connaissance est un concept très difficile que je ne comprend pas autrement que comme l’intuition, la connaissance directe, comme une sorte de communion intégrale entre notre essence et la Nature (ou Dieu si tu préfères l’appeler ainsi), une unité fondamentale ressentie avec la Nature ou la sensation de la Vérité. Comme beaucoup de gens qui ont beaucoup lu Spinoza, j’ai franchement l’impression de ne pas comprendre ce qu’il entendait par là, je n’en ai qu’une idée qui ne me satisfait pas.
Je ne crois pas qu’on puisse assimiler le troisième genre de connaissance à une valeur suprême, et encore moins qu’on puisse en tirer des valeurs suprêmes, car ce concept est si peu accessible qu’il me paraît assez étranger à la question du vivre ensemble, qui selon-moi fonde celle des valeurs. Autrement dit, une fois qu’on a déjà atteint la béatitude, ou le troisième genre de connaissance, la question des valeurs n’a plus aucun sens, tandis que la raison, qui peut nous aider à composer des valeurs communes est elle au coeur du sujet (même si personnellement je ne cherche pas de valeurs en tant que normes, mais en tant que principes, ce qui fait une grosse différence : l’interdiction de tuer son prochain est une norme, ce n’est pas un principe, donc ce n’est pas une valeur pour moi, même si je la respecte de fait... par le biais de principes plus généraux). Enfin sur ce troisième genre, il n’a aucun rapport avec une révélation quelconque, car la révélation tu l’as eu à travers oui dire, c’est à dire premier genre de connaissance, la preuve : il n’existe aucun chrétien qui n’ai jamais entendu parler de la Bible, personne qui n’a jamais entendu parler du christ ne connaît le Christ. en revanche, et j’insiste là-dessus, on peut très bien être chrétien et accéder à une forme de béatitude, et donc de troisième genre de connaissance (à supposer que cela existe vraiment, ce dont je sais rien), mais à mon sens la béatitude est à des années lumières au dessus du contenu de la Bible, du Coran, des préceptes Bouddhistes et de tout ce qu’on veut.

Donc pour résumer la question des valeurs chez Spinoza :
- il n’y a que des rapports de puissances désirantes de telles ou telles valeurs.
- la dynamique de ces rapports constituent l’histoire des valeurs.
- la Raison, en tant qu’elle est universelle, qu’on en jouit sans priver les autres et qu’on gagne en la partageant, constitue la valeur suprême, notre meilleur dénominateur commun.
- le troisième genre de connaissance ou béatitude est encore au delà de tout cela, et s’inscrit dans une démarche mystique plus qu’anthropologique.

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