Bonjour Tom,
J’ai comme un doute pour ce qui est de la culture :
la plupart des gens que je vois autour de moi se limitent en la matière
à un cocktail de télé et de musique radiophonique sans intérêt. Et pour
ce qui est des livres, hmm... ça dépend aussi de ce qu’on lit et de ce
qu’on en fait. C’est comme pour la musique : il y a ceux qui cultivent
et ceux qui divertissent. Et même pour les bons livres, ce n’est pas
tout le monde qui se demande ce qu’a voulu dire l’auteur ou comment il
s’y est pris pour construire son récit par exemple. Pourquoi comme ça et
pas autrement. La plupart des gens se contentent d’un premier niveau de
lecture et ont pour seul objectif de connaître la fin de l’histoire (ce
qui leur permet ensuite de déclamer fièrement la longue liste de leurs
œuvres incomprises).
Par contre je vous rejoins totalement sur la professionnalisation des filières, d’ailleurs ça rappelle un peu ce que dit Jacques Ellul
à propos des spécialisations en général. Dans le monde merveilleux de
l’homo technicus, chacun est conditionné pour accomplir la tâche qui lui
incombe et ne doit pas, n’est pas censé s’intéresser à ce que font les
autres. Les hommes-outils n’ont pas besoin de savoir lire, écrire, ou
même penser : au travail c’est le chef qui s’en occupe pour eux, et à la
maison la télé se charge de décrypter l’info, de leur dire comment
penser, voter, consommer, et même baiser. Dans certains cas, ce serait
même dangereux que chacun puisse penser par lui-même et comprendre ce
qui se passe. Genre en politique...
En fait on a vendu des télés
"couleur" pour mieux raconter aux gens le monde en noir et blanc. Le
manque d’éducation les prive des moyens dont ils auraient besoin pour
comprendre les nuances, et c’est là que je trouve drôle le fait que ce
soit Erwanet — plutôt très aligné sur le MEDEF & Cie — qui vienne se
plaindre des lacunes en maths et en Français. Il omet cependant que
l’Éducation nationale, c’est avant tout des profs qui dispensent un
"programme" de savoirs et savoir-faire édicté non par eux-mêmes, mais
par des gouvernements qui se suivent et se ressemblent. Pour lutter
contre le chômage dans ce monde néo-libéral, celui-là-même auquel
l’auteur semble aspirer, les politiques n’ont guère d’autre choix que de
jouer la carte de la spécialisation précoce au détriment de
l’acquisition des fondamentaux que sont les maths et le Français. Dans
ce monde en fait, seule l’économie est "libre" — et tout le reste en
découle.
Je suis personnellement en recherche d’emploi, et
constate que depuis quelques mois quasiment toutes les réponses
négatives que je reçois sont truffées de fautes : grammaire,
orthographe, et parfois même au niveau de mes coordonnées qu’il suffit
pourtant de "recopier", quand ce n’est pas la date qui indique 2012 au
lieu de 2013 — ça fait quand même pas très sérieux là en fin d’année...
Je crains qu’avec les dispositifs d’aide à l’emploi dont les
entrepreneurs libéraux sont pourtant friands — ça fait moins de
"lourdes" *** CHARGES *** sociales à acquitter —, et qui favorisent les
jeunes sans formation sur des postes notamment administratifs, les
choses n’aillent pas en s’arrangeant. Encore un truc qui cloche et dont
le pays aura sans doute beaucoup de mal à se remettre : des générations entières d’analphabètes, c’est le genre de truc qui vous colle à la peau pendant longtemps...
PS : j’aime beaucoup votre pseudo !