« Quenelle
gratinée », par Michel
Drac et Maurice gendre, article avec lequel je suis d’ accord avec quasiment tout (
et en plus , à ce moment là , le risible épisode du conseil d’ état ne s’ était
pas encore déroulé ) :
« En elle-même, la risible « affaire de
la quenelle » n’a aucune importance. Tout au plus peut-on la voir comme la mise en évidence d’un
ras-le-bol des jeunes générations, ras-le-bol qui menace de dégénérer en une
vaste crise de nerfs collective.
En revanche, ce qui mérite d’être
analysé, c’est le véritable délire qui semble avoir saisi la classe
médiatico-politique. Quelques
constats très simples suffisent à tirer le signal d’alarme : il se pourrait que la grotesque
affaire de la quenelle, soit un ballon d’essai en vue de faire basculer
la vie politique de notre pays vers le modèle peu enviable des Etats
totalitaires.
On pense tout de suite, dans la situation actuelle, à la dictature
hypocrite des années Brejnev-Honecker. Simple
constat : quand Manuel Valls annonce qu’il cherche par tous les moyens
d’interdire Dieudonné de se produire, il revendique une attitude
discriminatoire que même les apparatchiks de la RDA n’osaient pas assumer.
C’est-à-dire que l’injonction non
discutable de « lutte contre l’antisémitisme » permet en France aujourd’hui non
seulement d’entrer dans les logiques de la Stasi, mais en outre de le faire
avec une impudence que le subtil Markus Wolf aurait désapprouvée.
Toujours Manuel Valls : nous avons désormais un ministre de
l’Intérieur qui appelle à déclencher des troubles à l’ordre public pour pouvoir
justifier une mesure sécuritaire.Simple constat : pour enclencher le
processus de « mise au pas » qu’ils appelaient de leurs vœux en 1933, les
dirigeants du parti nazi organisèrent l’incendie du Reichstag. Cette technique
du pompier pyromane est exactement celle proposée par le brillant Arno
Klarsfeld, et apparemment validée par le locataire de la place Beauvau.
Passons à autre chose.
L’article 58 du code pénal soviétique de 1926 incluait plusieurs dispositions
fascinantes. Cet article assimilait au banditisme toutes les activités réputées
« contre-révolutionnaires », ce qui permit d’une part de ne pas
mentionner l’existence de délits politiques en URSS, d’autre part d’y inclure
des faits que dans n’importe quel autre pays, on n’aurait même pas osé
qualifier de simples contraventions.Exemple parmi d’autres, dans la foulée
de la conquête de l’Europe de l’Est par l’Armée rouge en 1945, il était admis que dans
les territoires devenus soviétiques en 1945, la loi soviétique s’appliquerait
intégralement de façon rétroactive.
Pour rappel, Christiane
Taubira, dans l’affaire de la quenelle, a
soutenu que l’on pouvait se rendre « complice après coup de crime contre
l’humanité ». Ce qui, manifestement, dans son esprit, impliquait la
complicité de Dieudonné dans les méfaits nazis des années 40, et plus
particulièrement dans la déportation des juifs d’Europe. On voit bien que la
logique indéfiniment extensible du code pénal soviétique est ici à l’œuvre, au
nom il est vrai d’une autre idéologie et dans un cadre politique différent.
Quant à Christophe
Barbier, nous lui saurons gré de nous éviter d’avoir à chercher des références
passées, puisqu’il a publiquement
soutenu qu’au nom de la défense de la démocratie, il fallait « réguler »
Internet pour que Dieudonné n’y sévisse pas, et que, dixit, « les Chinois y
arrivent bien ». Ici, il n’est même pas nécessaire de commenter.
En conclusion, et encore
une fois sans entrer dans un débat sur l’antisémitisme supposé de monsieur
Dieudonné M’Bala M’Bala, nous ne pouvons que dresser les quelques constats que
nous venons d’énoncer, et en déduire qu’il faut aujourd’hui que tous les citoyens lucides et
raisonnables soutiennent cet artiste sans tergiverser.
Non qu’il faille
nécessairement sacraliser la parole d’un comique, non qu’il faille
obligatoirement apprécier un humour qu’on pourra éventuellement juger de
mauvais goût, mais parce qu’il s’agit de
refuser des logiques tyranniques. Le pouvoir est actuellement dans
l’impasse. Dans ces
conditions, il est logique que ce pouvoir dans l’impasse soit tenté de créer
des diversions et des écrans de fumée, voire
de passer d’un régime de manipulation des masses à un système d’oppression
ouverte ».