-Donc même Alain Soral se révèle plus nuancé
que vous car il fait clairement la distinction (exactement comme
Manent) entre un capitalisme d’ordre entrepreneurial, soit un capitalisme
de production et un capitalisme financier, qu’il entrevoit comme un capitalisme
irresponsable et parasitaire. .
R / Oui, c’est le gros désaccord que ‘j ai
avec Soral. Il ne comprend pas (ou
sensibilité national socialiste oblige)
que le capitalisme financier n’est pas différent du capitalisme entreprenarial, l’un est la suite logique de ‘l
autre. C’ est pourquoi on parle de dynamique , les processus sociaux sont mouvant
et ont leur logique propre.
-Il y a une essence religieuse au
capitalisme : lisez donc Max Weber "L’éthique protestante et l’esprit
du Capitalisme"
R /Je connais ce bouquin presque par cœur. Non vous n’y êtes pas. Le capitalisme
est un processus social , et comme tous
les processus sociaux , il trouve des substrats idéologiques dans le milieu
dans lequel il évolue pour le justifier ( ex : au Japon il s’ est appuyé sur le shintoïsme , en Allemagne
et aux USA sur le protestantisme , en France sur le catholicisme , en URSS et
en chine Maoïste sur l’ athéisme et la foi collectiviste ).
Mais en réalité,
le propre du capitalisme est précisément dans sa dynamique d’utiliser tous les
substrats idéologiques qui lui permettent de croitre, ensuite lorsqu’ il n’a
plus besoin de ces substrats, il y’ a deux options :
1. Soit il
les falsifie.
2. Soit il
les sape
D’ ailleurs pour
voir ce qu’est devenue cette éthique protestante chère à Weber, il suffit d’analyser le
capitalisme américain d’aujourd’hui.
-Par ailleurs, les religions se traduisent
par des pratiques sociales, là-dessus, n’importe quel sociologue vous le
confirmera
R / Un libéral qui fait appel à la sociologie, c’est
amusant.
Bon, puisque vous y faites allusion, on va pouvoir
aller plus avant. Quelques sociologiques à appréhender :
-Le dogme
religieux existe mais l’histoire des
religions montre qu’il est secondaire dans le fait religieux, un dogme peut
mener à plusieurs pratiques religieuses très différentes les unes des autres.
En dernier instance, ce sont les rapports sociaux et les conditions matérielles
d’existence qui déterminent pourquoi tel ou telle personne au nom de sa
religion agit de telle ou telle façon !
L’important n’est pas ce que dit le dogme mais ce que l’individu qui adhère au
dogme fait en son nom ! Ca c’est le point de vue sociologique dominant.
Par exemple , on pourrait dire
que le christianisme est une religion de soumission à l’ autorité , on pourrait
dans l’ histoire trouver des myriades d’ exemple comme Marx l’ a fait d’
ou son affirmation « la religion est l’ opium du peuple » , en
ce sens qu’ il anesthésie les peuples et les confortent à la soumission plutôt
qu’ à la révolte.
Pourtant, ce même dogme
chrétien a mené à des insurrections radicales au cours de l’histoire comme par
exemple la guerre des paysans Allemands.
La question n’est pas le
christianisme, l’islam, le judaïsme ou je ne sais quelle religion ou idéologie en
tant que telle, ce ne sont que des outils du point de vue sociologique, la
vraie question est celle des pratiques sociales qui se cachent derrière (pratiques
sociales, qui, elles ne sont pas des outils mais des dynamiques dépassant l’individu
qui y participe).
-estimez-vous
qu’être riche, c’est mal ?
R /Ca
dépend. Vous vouliez de la nuance, en voilà.