• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV Mobile


Commentaire de Joe Chip

sur François Asselineau - Philippe Jurgensen : « Quel avenir pour la construction européenne ? »


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Joe Chip Joe Chip 11 février 2014 13:16

Je rejoins Asselineau sur sa critique politique, en revanche, sur l’économie, c’est vraiment à côté de la plaque, voire n’importe quoi, tant sur l’appréciation de la dynamique des trente glorieuses - laquelle, effectivement, n’avait absolument rien à voir avec la monnaie - que sur le "remède miracle de la dévaluation" qui a été au contraire le responsable de l’empoisonnement durable de l’économie française depuis près d’un siècle et qui explique en partie son affaiblissement au lendemain de la première guerre mondiale (franc germinal dévalué de 80% en quelques années par le gouvernement Poincaré).

Si on devait abandonner l’euro pour retrouver une monnaie faible et retomber dans l’enfer de l’instabilité monétaire, ce serait à terme une catastrophe. La valeur du franc germinal n’a pratiquement pas bougé tout au long du XIXème siècle. Un franc de 1900 valait 18 francs de 1999 (juste avant le passage à l’euro), et rappelons que la cause principale de cette dévaluation était - déjà - l’emprunt à l’étranger (principalement dette de guerre auprès des Anglo-Américains).
 
On cite souvent de Gaulle, qui a dévalué deux fois (58 et 69), pour justifier d’un point de vue "souverainiste" les politiques de dévaluation en tant qu’expression d’un "bon sens économique", alors que de Gaulle, au contraire, ambitionnait de mettre fin à l’instabilité monétaire de la 4ème république et voulait restaurer un franc lourd face au mark, devenu la monnaie européenne de référence. La dévaluation de 58 devait être la dernière... avant que Pompidou en 69 ne relance la machine, après la démission de De Gaulle, entraînant immédiatement la réévaluation du mark dont l’Allemagne profite encore aujourd’hui. 

Quand on regarde les classements économiques, il n’y a aucune ambiguïté. Les pays qui réussissent - Allemagne, Suisse, Chine, Angleterre... - ont une monnaie forte, les pays qui s’écroulent au contraire dévalent la pente monétaire... avoir pour projet de placer la France dans cette position et présenter la dévaluation comme la solution facile pour restaurer la compétitivité française en dit long sur l’irréalisme et le renoncement dans lesquels nous sommes tomber. Et c’est un leurre, quelles que soient par ailleurs les opinions politiques des uns et des autres. Comme le souligne avec justesse l’européiste, cet avantage compétitif artificiel serait neutralisé par le prix prohibitif des matières première à l’importation, la France disposant de peu de ressources naturelles et ne produisant plus grand-chose sur son sol...

Si De Gaulle était aujourd’hui aux commandes, il plaiderait probablement pour le retour au franc... mais le retour à un franc lourd et indexé sur l’or ! Ce qui exigerait par ailleurs des sacrifices considérables. C’est d’ailleurs ce qu’il s’évertuait à faire dans les années 60 en tentant de maintenir la valeur du franc par rapport au dollar, qui à l’époque était encore étalonné sur l’or.

Quant à l’Angleterre dont parle souvent Asselineau, c’est un très mauvais exemple, car elle est un des rares cas où peut se justifier aujourd’hui une dévaluation de la monnaie, la livre sterling étant encore à l’heure actuelle à un niveau supérieur à l’euro... Or, dans l’esprit des "souverainistes" français, on parle bien d’une dévaluation qui nous ramènerait à des niveaux ridiculement bas. Une livre vaudrait peut-être 10,15, 20 francs après une dévaluation...

Donc sur ce plan, Asselineau propose les mêmes inepties que le FN.


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès