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Commentaire de medialter

sur Les amazones, guerrières de légende


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medialter medialter 24 mai 2014 11:50

Il faut effectivement se méfier des présentations de la Grèce ancienne, car eux ne comprendraient rien à notre façon de penser, et il est tout aussi difficile de prêter notre mode de pensée occidental à leur génie. Un Grec, par exemple, ne fait aucune différence "entre mythe et réalité" (pour comprendre, lire "entre métaphysique et physique", alors que nous autres occidentaux avons perdu la moitié de la représentation du monde depuis les lumières), et leur pensée est beaucoup plus proche des pensées chamaniques ou animiques de "tribus primitives" (je mets dans ce terme beaucoup de valeur et non de la dérision), telles qu’elles ont été rapportées par Strauss ou Lévy-Bruhl, que des nôtres.
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Je pense donc que pour bien comprendre la pensée grecque, il faut plutôt l’aborder avec la seconde hypothèse (avec laquelle je suis complètement d’accord), qui pourrait d’ailleurs aussi s’appliquer au Christ, dont l’authenticité historique n’a jamais été avérée :
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" La seconde prend au contraire le récit comme un objet digne d’être étudié en lui-même, indépendamment de la valeur (de vérité ou de fausseté) de son énoncé, mais révélateur des croyances et des modes de dire et de penser de la culture qui le produit"
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On trouve par exemple chez les Grecs la notion de géographie mythique, qui est, non pas une simple abstraction poétique, mais la cartographie réelle du cheminement qui peut attendre celui qui basculera dans le temps mythique (pour comprendre le temps mythique, lire "le mythe de l’éternel retour" d’Eliade ou "Les héros sont éternels de Campbell" - il s’agit ici d’hermétisme dont les grecs était friands)
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Le mythe des amazones est à lire dans ce cadre, sinon il est incompréhensible. Il met en oeuvre l’archétype de la femme guerrière sous une forme qui ne soit pas proscrite par les tabous grecs, qui souffraient à l’époque du culturalisme archaïque de l’hoplite et de la phalange. En ce sens, il s’éloigne de l’ensemble de la tradition, y compris du socle centrale de la philosophie guerrière qu’est le Mahabharata et son joyau la Bhagavad-Gîta.
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Personnellement, bien qu’étant un incurable misogyne (au sens de la femme paritaire et égalitaire), je pense qu’il existe à l’état naturel (au sens du Dharma) une catégorie de femmes qui pourraient se revendiquer d’Arès : pendant et après le classicisme grec, décadent comme l’a montré Nietzsche, la guerre n’est plus perçue que comme un rapport de force physique. Son caractère métaphysique disparaît alors progressivement.
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Non seulement elles pourraient se revendiquer d’Arès, mais elles pourraient, dans certains domaines qui leur sont propres, surpasser les hommes (intuition, sixième sens, changement identitaires, diplomatie - autant de qualités des arts martiaux souvent inconnus des hommes, y compris dans l’aspect le plus physique de la guerre, celui des armes à la main). Dans la philosophie guerrière de Castaneda, par exemple, les femmes sont plus douées et peuvent se retrouver à la tête d’un groupe.
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Pour conclure, je pense que ce sujet est tabou dans une société patriacale. Les pères devenant des fiotasses, il le sera encore plus dans une société fiotarcale. Mais il ne peut en être autrement, ce sujet ne pourra jamais être traité correctement sans qu’on revienne au vieux débat jamais achevé de l’existence de castes induites par le Dharma dans n’importe quelle société.


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