Une telle vidéo, pour précieuse qu’elle soit, ne peut malheureusement pas nous aider à nous faire une idée précise de la situation des habitants de Corée du Nord. Premièrement, la virée est soigneusement encadrée par le régime, ce qui est montré est uniquement ce qui donne la meilleure image possible du pays. Ensuite, ce qu’on voit dans la rue au premier abord ne renseigne pas sur la réalité vécue quotidiennement par le peuple : conditions de travail, liberté d’opinion, niveau de vie, lien social, etc.
C’est un grand classique que dans les pays communistes les journalistes étrangers ne réussissent jamais à parler à un passant dans la rue : le régime veille au grain et ne donne pour interlocuteurs que des membres du parti qui vont chanter les louanges des réformes en cours. C’est ce qui a égaré les intellectuels convaincus d’avance, tels Sartre et de Beauvoir, qui n’ont vu en Chine maoïste que ce que le kuomintang leur avait permis de voir. Ces deux derniers avaient ensuite calomnié Robert Guillain, qui lui avait auparavant une connaissance approfondie de la Chine, de son peuple et de sa mentalité, et qui avait décelé par de maigres indices ce qui se passait vraiment.
Pour s’en tenir strictement à la vidéo, on remarque effectivement qu’il n’y a pas de pub (comme à Cuba). C’est tellement inhabituel chez nous qu’on a une impression de sérénité inouïe rien qu’à ce détail. Peu de voitures, également, mode de transport individualiste et capitaliste, ce qui met en valeur l’espace immense des rues très larges. Des immeubles imposants et modernes. Donc tout ce qu’on peut dire, c’est que les coréens ne vivent pas tous au Moyen-Age dans des maisons en bois, et c’est à peu près tout.