Jeudi
21 août 2014 :
Changement
climatique : il faut se préparer au pire, selon les météorologues.
Les
spécialistes mondiaux du climat ont brossé un tableau apocalyptique
de la météo des prochaines décennies lors d’un congrès
international, qui s’est conclu jeudi à Montréal. Au programme :
sécheresses, inondations et élévations du niveau des océans.
Turbulences
aériennes accrues, épisodes polaires et caniculaires toujours plus
extrêmes, vagues géantes dans les océans : les spécialistes
mondiaux du climat ont brossé un tableau apocalyptique de la
météorologie des prochaines décennies lors d’un congrès
international qui s’est conclu jeudi 21 août à Montréal (Canada).
A l’initiative de
l’Organisation météorologique mondiale, agence des Nations unies,
un millier de scientifiques ont débattu autour du thème "la
météo, quel avenir ?"
à l’occasion de cette première conférence mondiale sur la
météorologie. Près de dix ans après l’entrée en vigueur du
Protocole de Kyoto qui visait à réduire les émissions de gaz à
effet de serre, la question n’est plus de savoir si le réchauffement
de la Terre va avoir lieu. "Il
est irréversible et la population mondiale continue d’augmenter, il
faut que l’on s’adapte",
observe Jennifer Vanos, de l’université Texas Tech.
Davantage
d’épisodes climatiques extrêmes.
La première décennie du
XXIe siècle a vu la température moyenne de la surface de la planète
augmenter de 0,47 °C. Or une hausse de 1 °C génère 7% de vapeur
d’eau en plus dans l’atmosphère, et comme l’évaporation est le
moteur de la circulation des flux, une accélération des phénomènes
météorologiques extrêmes est à prévoir. D’autant que les
scénarios retenus par la communauté scientifique privilégient une
hausse de 2 °C de la température moyenne à la surface de la Terre
d’ici 2050.
"Les
nuages vont se former plus facilement, plus rapidement et les pluies
vont être plus fortes",
engendrant notamment davantage d’inondations soudaines, note Simon
Wang, de l’université Utah State. D’une manière générale, relève
ce chercheur américain, la hausse des températures va avoir
"un effet d’amplification sur le climat tel qu’on le connaît
actuellement".
Les épisodes de grand froid, tel le vortex polaire qui s’est abattu
cet hiver sur une grande partie de l’Amérique du Nord, seront plus
marqués, plus extrêmes, tout comme les vagues de chaleur et les
périodes de sécheresse, ajoute-t-il.
"D’ici
2050, deux fois plus de temps en vol dans des turbulences"
Le défi pour les
météorologues est donc désormais d’inclure la "force
additionnelle"
créée par le réchauffement climatique dans des modèles de
prévision toujours plus complexes, explique Simon Wang.
Pour ce faire, les météorologues des prochaines décennies auront
besoin d’ordinateurs surpuissants, actuellement extrêmement peu
nombreux.
Météorologue à
l’université britannique de Reading, Paul Williams a par exemple dû
recourir au superordinateur de l’université américaine de
Princeton, l’un des plus puissants au monde, pour étudier les
impacts du réchauffement climatique sur les jet
streams,
ces courants d’airs rapides situés à une dizaine de kilomètres
d’altitude, où les avions de ligne évoluent.
Après des semaines
de calculs, son verdict est sans appel : "Le
changement climatique donne plus de force à ces courants. (...)
D’ici 2050, vous passerez deux fois plus de temps en vol dans des
turbulences." Tout
en notant qu’actuellement, en moyenne, seulement 1% du temps de vol
des avions commerciaux subit des turbulences, Paul Williams
souligne que si la concentration de dioxyde de carbone augmente de
façon exponentielle dans les prochaines années, "on
ne sait pas comment les avions vont réagir"
à ces masses d’air très agitées.
L’élévation
du niveau des mers pourrait atteindre 6 mètres.
Et pas question de
se rabattre sur le transport maritime pour voyager en toute quiétude :
il faut en effet s’attendre à des vagues monstrueuses dans les
océans. "Les
compagnies de transport maritime rencontrent toujours plus de vagues
énormes",
dont certaines font 40 mètres de hauteur, alors qu’auparavant une
hauteur de 20 mètres était exceptionnelle, dit Simon Wang, de
l’université Utah State. "Ce
n’est que le début du changement climatique, car les océans auront
beaucoup plus d’impact en libérant davantage de chaleur et davantage
de vapeur",
avertit-il.
D’autant que
l’épaisse calotte glaciaire du Groenland a commencé à fondre et
pourrait à terme – « pas
avant le siècle prochain » – engendrer
une hausse moyenne de six mètres du niveau des océans, rappelle
Eric Brun, chercheur chez Météo France et auteur d’une récente
étude sur le sujet. Face à tant de bouleversements, Jennifer Vanos,
biométéorologue à l’université Texas Tech, estime qu’il y a
urgence à modifier l’urbanisme des villes et les modes de vie en
fonction de cette nouvelle réalité, afin de tenter de protéger les
populations.
http://www.francetvinfo.fr/meteo/climat/changement-climatique-il-faut-se-preparer-au-pire-selon-les-meteorologues_674829.html