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Commentaire de ffi

sur Dominique Pagani : sur la pensée de Michel Clouscard


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ffi 30 septembre 2014 15:04

Oui, ce n’était pas à la toute fin, mais à 12’ de la fin, désolé.
 
Pour ce qui est du chaos :
si je me réfère à votre 2nd article, dans le premier schéma,
vous ne le voyez que lorsque la politique ne suit pas la vertu,
vous le voyez donc bien comme une période transitoire,
et si chaos il y a aujourd’hui, c’est bien par une absence de vertu.
 
D’autre part, dans cet article, vous faites une confusion entre la loi (lex) et le droit (jus). Le terme loi (lex) est le seul terme qui évoque un rapport constant qui ne dépend pas de la volonté des hommes et c’est dans ce sens que j’utiliserais ce terme dans ce qui suit [id est : comme en science où la loi ne dépend pas de l’observateur]. Voyez la définition du terme loi, ici, sens II.A. Le terme droit (jus), en revanche, dépend de la volonté des hommes, en particulier de celle d’un pouvoir politique, et c’est dans ce sens que j’utiliserais le terme droit (jus) dans ce qui suit.
 
Une autre différence entre la loi (lex) et le droit (jus) est que la loi (lex) n’est jamais parfaitement connaissable (elle n’est pas écrit en lettre d’or dans le ciel), il faut la rechercher, tandis que le droit (jus) est parfaitement connaissable par un juriste compétent.
 
Votre schéma est néanmoins bien fait, je l’admets, mais en fait il est très classique.
 
La vertu (la qualifier de Machiavelienne ne sert à rien) est en particulier de suivre la loi (lex) plutôt que le droit (jus). La loi (lex), par définition, s’imposera quelle que soit la volonté des hommes, quel que soit l’effort que les hommes font pour ne pas y souscrire.
 
Puisque la vertu est suivre la loi (lex), un droit (jus) sans vertu serait contraire à la loi (lex) : un tel droit, pour être appliqué, nécessiterait de développer une force considérable, mais en pure perte, car cette force serait nécessairement vaincue par la force incommensurable qui émane de la loi (lex).
 
Ce combat entre la force de loi (lex) et la force d’un droit (jus) sans vertu précipite la société dans un chaos. Mais il faut cependant distinguer ce genre de chaos d’une guerre qui opposerait les forces émanant de deux droits (jus).
 
Ces considérations sont d’ailleurs tout-à-fait fidèles aux idées du moyen-âge. La loi (lex) n’est pas pensée comme du ressort de la volonté des hommes, mais de Dieu, et la tête du pouvoir politique qui en tient lieu sur Terre, est contrainte de garantir un droit (jus) qui y soit fidèle. C’est une société qui se veut de droit divin, c’est-à-dire que le droit (jus) y est voulu comme une simple transcription des lois divines (lex).
 
À la sortie du moyen-âge, et plus encore après la révolution, le droit (jus), règles issues de la volonté des hommes, commence à se prendre pour la loi (lex), règles qui ne dépendent pas de leurs volontés. Plutôt que de droit divin, la société se veut de droit humain (droits de l’homme). Il s’ensuit l’illusion que toute nécessité dépendrait de la volonté des hommes, ce qui est évidemment faux, et finit par aboutir à la démesure (hybris), donc à la décadence politique de sociétés dévorées par l’ambition, d’où le chaos actuel.


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