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Commentaire de ffi

sur Frédéric Mariez - Mouvement Matricien retour au matriarcat - Meta TV


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ffi 5 décembre 2014 13:14

Il y a une énorme omission dans le premier lien : le malleus mallificarum fut mis à l’index par l’Église de Rome : c’est la raison pour laquelle la "chasse aux sorcières" fut plutôt du fait des pays protestants. Ceci sont des faits que je n’ai pas appris par Marion Sigaud, mais dans la revue Historia.
 
Les Béguines, que je ne connaissais pas, sont un ordre, un corps social, c’est comme une entreprise, ou une secte : notez que ce mouvement s’est déployé d’abord sans problème. Mais je suppose qu’un tel ordre a fini par poser des problèmes politiques, ce qui fut la raison de son abolition. Dissoudre cette secte n’est pas une preuve de la torture des femmes en général. Puisque les "beguins", le versant masculin du mouvement, furent également dissouts, en déduisez vous que les hommes étaient en général torturés au moyen-âge et que cette dissolution est preuve de matriarcat ?
 
Votre réflexion ne tient pas, car c’est une spécificité française du moyen-âge que l’héritage soit remis à part égale à tous les enfants, quelque soit leur sexe. C’est Emmanuel Todd qui en témoigne (cf famille nucléaire).
 
Mais revenons à ce que dit l’intervenant. Il dit que le patriarcat se définit par la propriété dévolue aux pères, et que le matriarcat se définit par la propriété dévolue aux mères.
 
Or, vous voyez bien que, au moyen-âge, si en effet la propriété est dévolue au père lorsque les deux parents sont vivants, en revanche la propriété échoie à la mère, lorsque le père meurt. On ne peut donc pas parler de patriarcat au sens strict.
 
On peut parler de parenti-arcat, avec une préférence patriarcale lorsque les deux parents existent, mais qui vire au matriarcat lorsque seule mère subsiste.

 

Il me semble que c’est un bon équilibre, qui évite à la fois les conflits d’autorité dans la famille et donne sa part à chacun, les femmes vivant généralement plus longtemps que les hommes. On pourrait également évoquer, pour une époque plus moderne, ce qui est le prolongement de cette mentalité, la pension de reversion, qui est le droit pour la veuve de toucher la retraite de son mari décédé (la veuve devient propriétaire des droits sociaux de son mari).
 
Aujourd’hui, le parenti-arcat est plus "absolu", mais cela résulte éventuellement en conflits d’autorité familiaux, qui doivent alors être tranchés par un juge, on a donc un parenti-arcat mâtiné de judici-arcat. Cela illustre bien la tendance pour l’État à s’immiscer dans les affaires familiales.

 

Vous voulez absolument plaquer sur les moeurs du moyen-âge l’idée d’un patriarcat "pur", dont vous allez chercher les illustrations dans des pays lointains. Mais les choses sont plus subtiles que cela. Les moeurs de France se sont développées en France, de manière spécifique à la France, et l’on ne peut pas dire que le système familial fut un "pur" patriarcat, puisque les femmes non mariées pouvaient très bien accéder à la propriété, de même que les veuves héritaient systématiquement de l’entière propriété des biens familiaux.


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