La logique est assez simple. La diabolisation consiste à désigner un diable afin de mettre le mal à distance pour paraître bon. Pendant longtemps, Jean-Marie Lepen a tenu le rôle du diable de la société française. Il y a 15 ans, le seul fait de prononcer son nom donnait des aphtes.
Alain Soral est aujourd’hui le nouveau diable. Par conséquent toute opinion exprimée à propos de Soral constitue le critère du Bien et du Mal. Dire qu’il n’est pas le diable, prouverait qu’on est un complice du diable (voir ce qui est arrivé à Etienne Chouard, par exemple). Par conséquent une personne à qui l’on demande ce qu’elle pense de Soral, doit saisir une pierre et la jeter sur ce diable pour montrer qu’elle est dans le camp du Bien. Il s’agit d’un rituel récurant de la sorcellerie médiatique. Je remarque que ce rituel fonctionne aussi dans la sphère professionnelle et privée.
C’est donc pain béni pour Marine Lepen. Lapider Soral lui permet de faire d’une pierre deux coups : tuer le père et donc n’être plus la fille du diable ; mais aussi paraître fréquentable en condamnant l’infréquentable.
Cela ne peut même pas lui être reproché en termes de stratégie politique. Elle n’a pas d’autre choix pour son parti, car un parti est fait pour gagner des élections en utilisant le système tel qu’il est, et non pour dire la vérité à propos du système.