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Commentaire de Joe Chip

sur Belgique : Un député issu de l'immigration marocaine fait une leçon d'histoire au parlement


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Joe Chip Joe Chip 6 février 2015 13:53

Théo Francken est un nationaliste flamand. A ses yeux, c’est toute la Wallonie qui n’apporte pas de "valeur ajoutée’". J’aimerais vibrer en écoutant les rappels historiques justifiés mais avant de s’indigner il faut bien comprendre que cette mentalité, qui n’est pas simplement du racisme, ou un racisme simple, se retrouve dans une grande partie de l’Europe du nord non seulement à l’égard des immigrés mais aussi d’une bonne partie des pays dits du "sud" qui sont renvoyés pour un oui ou pour un non à leur méditerranéité, France comprise. On la retrouve notamment sous une forme plus modérée en Allemagne, en Suisse et en Angleterre, en fait dans tous les pays où le protestantisme a joué un rôle important.  

Or, la culture protestante place l’autonomie matérielle, la gestion des aspects concrets, voire prosaïques, de l’existence, et le caractère industrieux tant individuel que national, au-dessus du toutes les autres préoccupations, et ce encore davantage sous sa forme puritaine sécularisée qui n’associe plus étroitement ce caractère rigoureux à la doctrine sociale du christianisme.

De ce point de vue, j’aurais préféré, dans l’intérêt même des immigrés ou des descendants d’immigrés, que ce député ait répondu à ces attaques racistes par autre chose qu’un rappel historique embué de larmes à la seconde guerre mondiale ou à l’histoire des mineurs.

Du reste, une bonne partie des belges francophones, passés les grognements de façade et les réactions d’orgueil, peinent en réalité à dissimuler leur complexe d’infériorité acquise face aux Flamands organisés, disciplinés, prospères, intransigeants, etc. Poelvoerde lui-même le reconnaissait dans une interview, en disant que les Flamands étaient en train de s’imposer culturellement face à des Wallons plongés dans le "désamour" :

http://www.moustique.be/culture/cinema/272238/benoit-poelvoorde-le-desamour-cest-ce-qui-fait-notre-grace&nbsp ;

Je suis conscient de jouer l’avocat du Diable ici, mais il me paraît important de ne pas se voiler la face en noyant toutes critiques, fussent-elles dures, injustes, voire intolérables, dans une dénonciation convenue et piégeuse du racisme qui est au moins aussi problématique que le problème lui-même. 

Le problème ce n’est pas l’immigration mais les conditions économiques, culturelles et sociales régnant dans les pays d’émigration et en particulier dans les pays musulmans. Il est difficile de nier qu’une partie de la population immigrée ou d’origine immigrée reproduit paradoxalement en Europe les conditions socioculturelles qui l’ont poussé à quitter leur pays d’origine. Les Flamands répondent à cette tendance par un raidissement identitaire extrême et détestable, que cela n’interdit pas toutefois d’analyser, car il y a certainement des choses à revoir du côté non seulement des immigrés mais aussi de la population francophone, qui se complait (comme en France) dans un multiculturalisme repentant et une attitude faussement débonnaire par rapport à son histoire, nourrie par une ironie excessive et une culture de l’excuse individuelle et collective qui a pris trop de place. Les Flamands, eux, se prennent au sérieux et refusent visiblement de se laisser marcher sur les pieds, ce qui fait qu’à défaut de les aimer ou de les trouver cool comme la belgitude, on les respecte.

Je remarque d’ailleurs que les Flamands ont beau être bien plus racistes que les Belges francophones ou les Français, personne ne les emmerde (ni ONG, ni acteurs, ni instance européenne, etc.)


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