Les représentations
figurées de la Fortune en général n’ont guère
varié et sont très reconnaissables ; la déesse nous
est offerte sous l’image d’une femme imposante et belle, debout dans le
plus grand nombre des cas, assise quand l’artiste se propose d’exprimer
qu’elle est constante ; d’une main elle tient la corne d’abondance d’où
s’échappent des productions variées, symbole de la richesse ;
de l’autre elle s’appuie sur un gouvernail qui signifie qu’elle règle
la destinée à travers la mer mobile du monde ; parfois à
côté d’elle figure la proue d’un navire, sans doute parce
que les navigateurs ont plus que d’autres à se préoccuper
de sa puissance. A ses pieds est une boule qui indique ou sa nature versatile
ou l’étendue du pouvoir qu’elle exerce sur l’univers. On la trouve
également représentée avec des ailles, ou, comme dans
l’oeuvre archaïque de Bupalos, avec le polos ou le modius
(mesure des céréales) sur la tête et des épis
dans une de ses mains. Un symbole fréquent remplaçant la
boule est une roue qui dans le langage devient proverbial et fournit des
métaphores aux écrivains de tout ordre. On rapportait au
roi Servius le temple qu’elle possédait à Rome sur le forum
boarium ; marché aux boeufs, où était placée
son image en bois, et à côté la statue voilée
de son favori. (J.-A. Hild).