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Commentaire de Joe Chip

sur Samuel P. Huntington : La thèse sur le choc des civilisations


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Joe Chip Joe Chip 10 juin 2015 15:39

Émission de 2002, autrement dit, totalement périmée. Les Américains soutiennent partout des théocraties rétrogrades et des courants religieux puritains dans le but de saper les Etats-Nations arabes issus de ou inspirés par la modernité politique européenne (frontières, respect de la souveraineté nationale, laïcité adaptée...). Je suis d’ailleurs persuadé qu’ils ne chercheront pas à s’opposer à la reconnaissance diplomatique de l’Etat Islamique à l’ONU, qui se produira sans doute durant les prochaines années.

En France, ils soutiennent ouvertement le développement du communautarisme musulman, présentant dans certains médias (oumma.com) une vision tronquée et faussement idyllique du modèle multi-culturaliste américain, en instrumentalisant cyniquement la polémique du voile (ce qui en dit long au passage sur leur compréhension de cette religion...).

Au passage, je rappelle que l’athéisme a été évoqué pour la première fois par un président américain en... 2009, durant un discours d’Obama : "Nous sommes un pays composé de chrétiens, de musulmans, de juifs, d’hindous et de non-croyants". L’utilisation du terme "non-croyant" à la place d’"athée" est d’ailleurs très révélateur puisqu’il signifie que c’est la liberté de croyance qui est reconnue par les Américains, et non la liberté de conscience. Un athée se définit donc négativement par rapport à une valeur de croyance perçue comme normative et positive. 

Ce que les politiciens américains ont principalement retenu d’Huntington, c’est donc la primauté du culturel et du religieux sur le politique et l’idéologique. C’est Savonarole contre Machiavel. Pour le reste, le fantasmes de guerre des civilisations n’agite plus qu’une poignée de néo-cons et de membres du Tea Party cantonnés sur Fox News. 

Il y a quelques mois, quelques semaines après les attentats de Paris, toute l’administration américaine, Obama compris, a défilé à Riyad pour rendre hommage au roi saoudien (grand démocrate) alors qu’aucun représentant américain n’était présent à Paris le 11 janvier. On a eu le droit plus d’une semaine après à John Kerry et un morceau de guitare acoustique en petit comité ("you have a friend"), John Stewart ironisant sur ce décalage de traitement dans son émission. Obama et les principales figures de l’exécutif ne voulaient pas être vues à Paris pour ne pas offenser les musulmans ou leurs partenaires stratégiques au Moyen-Orient, voilà la réalité. Bien entendu, il y a une part de calcul politique dans tout ça, mais on est en tout cas très loin des théories "massues" d’Huntington... et des théories simplistes des islamo-dissidents et autres soraliens cherchant à nous faire gober que l’Islam est l’adversaire désigné de la politique étrangère américaine.

Les Américains se foutent en réalité des 68 millions de Français, 80 millions d’Allemands, de Polonais, d’Espagnols, etc... ils voient plutôt le milliard de musulmans, le pétrole, l’ouverture du marché iranien, etc...  

 


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