@Béo Ulaygues
 

1. Soral fait du complot judéo-sioniste le point de fuite du bordel actuel. C’est vrai ou c’est faux ? Bon, eh bien si vous êtes d’accord avec ça, souffrez que je trouve ça délirant, limite scolaire. Lorsque l’on prend à bras-le-corps notre condition politique actuelle, lorsqu’on lit de la philosophie, de l’histoire, du droit, de la sociologie, de l’économie, de l’anthropologie et même de la littérature, lorsque l’on s’intéresse aux cultures du monde entier, aux productions intellectuelles de nombreux pays, au développement des religions, aux langues anciennes et à un tas d’autres choses, on parvient un tout petit peu à sentir "les mouvements du monde", c’est-à-dire un semblant de cohérence dans tout ce grand bazar globalisé ou en passe de l’être. Eh bien le dossier juif est, au regard de ça, un épiphénomène. Laisser entendre que notre condition politique découle entièrement d’une oligarchie religieuse ou économique, tentaculaire et multiséculaire, c’est à mes yeux flatter les gogos.

2. Une piste parmi tant d’autres : au Moyen Âge, les Juifs étaient dans l’ensemble agioteurs. Beaucoup de raisons à cela. Mais ce qui est intéressant, c’est que les Lombards l’étaient encore plus. Alors bien sûr les Lombards sont devenus Italiens (les Juifs n’y sont pour rien), et on ne parle guère plus d’eux, mais pourquoi passer sous silence le fait que l’agiotage n’était pas l’apanage des Juifs (loin s’en faut) ?

Autre chose : une bonne moitié des grands esprits du XXe siècle étaient juifs. Faut-il se convaincre qu’ils ont mené les gens en bateau et s’interdire de les étudier ? C’est une vraie question que je vous pose là...

3. Le fait qu’il soit un gourou n’est pas évident pour tout le monde, surtout ici, soyez-en sûr. Et permettez-moi de vous dire que votre façon de me répondre laisse entrevoir que vous tolérez difficilement qu’on l’attaque...

4. Être un tribun, c’est une chose. Mais noyer le débat dans des logorrhées, c’en est une autre. La moindre des choses est de laisser parler le vis-à-vis... ceci rend la repartie plus éclatante encore. Soral procède autrement, il saoule son contradicteur par un flux de paroles ponctuées de mots-clés, des stimuli propres à éveiller son public le plus fidèle qui, bien souvent, n’est pas là pour comprendre les choses, mais pour être conforté dans ses préjugés.