à Soi même
""La spiritualité matérialiste (ou spiritualité et criminalité) (suite)
Ne nous y trompons pas,
l’Inquisition comme la guerre sainte sont bien des produits spirituels : les
pires aboutissements, en fait, de cette aberration - on pourrait dire cet
oxymore - communément acceptée comme une normalité, voire même un produit de
sagesse : le pouvoir spirituel institutionnalisé. Censé s’opposer au pouvoir
politique temporel et matériel, ce pouvoir prétendument spirituel est en
réalité une autre forme, illégitime, de ces pouvoirs. Du bénéfique pouvoir
intérieur de l’individu sur lui-même, fruit bien réel de sa spiritualité, de
l’éventuel charisme qui étend, dans la liberté spirituelle, cette bénéfique
influence hors de soi, on a glissé vers le pouvoir institutionnellement exercé
sur les autres individus, et vers le pouvoir de groupes sur d’autres groupes. A
partir de cette spiritualité dévoyée, Dieu est invoqué pour justifier, servir,
imposer des intérêts de nations, de classes, de races, etc...
J’ai déjà dit ailleurs
combien j’avais été choqué et indigné en prenant conscience de l’énorme
mensonge que constituait, en réalité, la belle histoire apprise au catéchisme
de mon enfance catholique : le "don", par Dieu, de la terre
"promise à son peuple élu" se révélait être, dans l’Ancien Testament
que je lus plus tard, un épouvantable massacre "voulu par Dieu" de
tous ceux qui, jusque là, habitaient cette terre. Depuis cette découverte je
n’ai pas cessé de constater combien toutes les religions sont imprégnées ce
cette prétendue violence de Dieu, combien elles s’en accomodent, combien elles
trichent, ensemble et séparément, pour ne pas affronter le vrai drame qu’elles
ont créé dans l’âme de leurs fidèles respectifs. On ne peut plus croire
aujourd’hui que la tricherie n’est pas consciente. Par exemple quand Jean-Paul
II affirme qu’on ne peut pas tuer en se réclamant de Dieu, il sait parfaitement
qu’il ne dit pas la vérité puisqu’il continue très clairement par ailleurs,
même si c’est indirectement, d’enseigner le contraire. Au mieux, parce que
l’actualité, selon lui, l’exige, il ne fait que présenter l’un des deux volets
relatifs à la violence "de Dieu" dans sa religion, celui qui la nie,
pour faire oublier celui qui, depuis toujours et jusqu’à maintenant, l’affirme
et la justifie. Et lorsqu’il invite à Assise les représentants des autres
religions à partager son mensonge dans de belles envolées très médiatisées, ces
représentants sont ravis et reconnaissants au pape de leur éviter les
difficiles mais indispensables révisions théologiques, chacun sachant bien que
sa propre religion comporte elle aussi les deux volets contradictoires. Ce sont
pourtant les radicales révisions que, en réalité, exige l’actualité. Comme
l’exige la simple honnêteté spirituelle. ""