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Commentaire de Joe Chip

sur Du patriotisme en sport à l'esprit sportif (1/2)


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Joe Chip Joe Chip 15 septembre 2015 11:59

Le sport, et le foot en particulier, sont devenus des exutoires du sentiment national. En France, le stade de foot est le dernier endroit (avec les mairies) où il est possible d’exhiber un drapeau bleu-blanc-rouge sans être aussitôt soupçonné d’accointances fascistes. Mais c’est un patriotisme en carton-pâte - quasiment parodique - que l’on ressuscite le temps d’une rencontre sportive : drapeau, visage peinturluré, Marseillaise gueulée... on est plus proche du carnaval en réalité. Et encore, les crispations sont nombreuses : il y a 30 ans tout le monde se foutait de savoir si les joueurs chantaient ou non la Marseillaise, car les sentiments patriotiques des uns et des autres ne faisaient aucun doute. Il était donc inutile de tomber dans le registre démonstratif de la preuve. Aujourd’hui, le fait de chanter ou de ne pas chanter a pris en soi une connotation politique : ne pas chanter c’est implicitement refuser l’assimilation à la nation française, car la Marseillaise est désormais associée à une violence et on sait, ou on sent, que quelqu’un qui ne chante pas n’y croit pas vraiment. 

L’équipe de France est devenue en elle-même un enjeu politique car elle se doit d’être la vitrine de la diversité : le problème, c’est que cet investissement symbolique est une arme à double-tranchant depuis 1998 et son orgie de symboles. Ironiquement, l’équipe des années 80 était au moins aussi "diverse", avec ses ritals, ses polacks, ses métisses, ses guadeloupéens... et tout le monde s’en foutait, comme de savoir s’ils chantaient ou non la Marseillaise. Tout le monde mouillait le maillot avec entrain, et les supporters ne ressentaient pas encore le besoin de se peinturlurer la figure ou de revêtir des déguisements grotesques pour assumer un patriotisme de moins en moins bon enfant et de plus en plus crispé. L’antiracisme institutionnalisé n’avait pas encore semé le trouble puis la terreur dans les consciences. On pouvait aimer son pays sans se poser un cas de conscience.

Quant à la beauté... elle est l’autre ennemie du "système" qui exalte à la fois la fonctionnalité de la laideur et la laideur de la fonctionnalité, et ce à tous les niveaux. La beauté est inutile et coûteuse, c’est un peu la leçon de l’art contemporain qui est profondément iconoclaste. Le "beau geste" comme le beau jeu sont des notions d’amateur, de looser magnifique, pas assez rentable... 


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