@merdaterre
Je parle pour moi et
non pour Gueguen : il est évident que ces désaccords tiennent à des
différences paradigmatiques qui sont inconciliables. Je parle pour moi :
Tu pars du principe qu’il
existe des individus transcendants tout puissant, des sortes de super héros ou plutôt
de super vilains qui sécrètent les systèmes sociaux grâce à leurs supers pouvoirs de surhumains.
Moi, je pars du principe
que ce sont les collectifs qui sécrètent les systèmes sociaux , les individus
quels que soient leurs positions ne sont qu’une partie d’un tout englobant qui
les dépasse individuellement.
De ces deux postulats, on
tire bien évidemment des conséquences très différentes : toi tu vas te focaliser
sur tes surhumains , alors que moi , je vais me focaliser sur le type d’interactions
sociales et sur les institutions qui font que le collectif fonctionne comme il
le fait pour décrire la situation actuelle.
Ton commentaire me permet d’illustrer
cela par un exemple.
Tu dis : « Que l’on s’attaque à de grands monopoles, c’est très
bien, mais ça ne peut se faire que si l’on a donné, au titre d’un système
alternatif, les moyens à des petites structures indépendantes des grands
schémas financiers de mettre sur le marché des produits équivalents ».
Moi je ne vois pas ce que ça change. Parce que pour moi, les
grands monopoles financiers ne sont pas une cause mais une conséquence logique.
Ce ne sont pas eux qui sont à l’origine du système, ils en sont une émanation,
ils ne le contrôlent pas, ils ne font que s’adapter à lui tant bien que mal
pour garder leur position.
Ton système de petites structures indépendantes fonctionner
un temps mais finira tôt ou tard par
muer en oligopoles. Pourquoi ? Parce qu’il est tout à fait évident que certaines de tes petites structures
seront plus performantes que les autres , se mettront à grossir et à
monopoliser le marché pour se transformer en oligopole et mettront en place des
mécanismes pour maintenir leurs positions.
C’est là que je vais te dire que si toi et moi étions des oligarques financiers, nous ferions la même
chose que ceux qui sont en place aujourd’hui car nous aurions des intérêts
et une volonté de puissance à satisfaire. Et dans le cas ou tu refuserais de
suivre cette voie, tu serais logiquement et simplement éliminé (peut être par moi, je ne
plaisante pas) et un autre prendra ta place. C’est la mécanique du système :
tu te bas pour accumuler de la puissance ou tu disparais, les faibles n’ont qu’à
s’en vouloir à eux-mêmes.
Donc se focaliser sur les oligarchies n’a aucun sens, vous
pouvez couper la tête aux franc maçons et des francs plombiers ou des francs pâtissiers
prendront leur place pour faire dans le fond exactement pareil mais en ayant l’intelligence
de modifier la forme pour rouler dans la farine les masses naïves.
Donc les oligarchies ne sont pas le problème, elles sont une
conséquence du système. Il y’a des choses plus importantes, des causes plus
profondes. Souvent, les systèmes sociaux s’organisent autour d’affects qui
modulent les interactions sociales, on peut prendre le cas du système social
Spartiate dont l’affect organisateur
était la peur.
Sur quoi est fondé le système : sur l’accumulation infinie du capital. Le tout s’organise sur un affect organisateur qui est le désir (d’accumulation matérielle, de
consommation) qui est par nature insatiable. C’est donc là-dessus qu’il faut agir,
c’est ce qu’il faut réguler par des institutions adéquates (je ne parle pas de
le supprimer car c’est impossible à moins d’une révolution intérieure globale
qui se produira peut être dans 100 000 ans).
PS : Une petite précision, tu dis : « le système marchand existe depuis la nuit des
temps ». Non, c’est faux, c’est quelque chose de très récent qui a émergé
lors de la révolution néolithique, soit depuis à peu près 12 000 ans
seulement …
Le capitalisme, lui , qui
est une exacerbation du système marchand est né il n’y a que quelques centaines
d’années …