@Zatara
Les règles ne sont pas immuables mais elles le seront tant
que nos sociétés ne seront pas structurées autour du fétichisme du pouvoir.
Et non ça ne concerne pas que ceux qui sont au sommet de la pyramide,
si c’était le cas , ils ne parviendraient jamais à dominer les autres : il est très difficile de réduire à l’obéissance
celui qui ne cherche pas à dominer, le politique le plus adroit ne
parviendrait pas à assujettir des hommes qui ne voudraient qu’être libre,
mais la domination s’étend sans peine parmi les ambitieux.
Je trouve que Nietzche
décrit admirablement ce phénomène par ces mots : « Où j’ai trouvé du
vivant, j’ai trouvé de la volonté de puissance. Et même dans la volonté du
servant, je trouvais la volonté de devenir maître. Que ce qui est
plus faible serve ce qui est plus fort, ce qui l’en persuade,
c’est sa volonté d’être à son tour le maître de ce qui est plus
faible encore , c’est le seul plaisir auquel il ne veuille pas
renoncer ».
C’est aussi ce qu’Etienne De
la Boetie explique dans son traité « de la servitude volontaire » :
les hommes ne se laissent dominer qu’autant entraîné par une aveugle
ambition et regardant plus au-dessous d’eux qu’au-dessus, la
domination devient plus chère que la liberté et ils consentent à porter des
fers pour pouvoir en donner à leur tour.
A contrario, les maitres eux-mêmes sont esclaves, ils portent le poids de tous ceux qui obéissent, ils vivent dans la peur de perdre leur pouvoir et
pour se conserver ils se créent des serviteurs qui assureront leur pouvoir en
échange de quelques miettes, le hic est qu’ils deviennent dépendant de leurs
créatures qui deviennent capables de menacer leur position. Le maitre n’est
au fond que le pantin du plus haut étage de la structure.
Le système ce n’’est pas les dominants qui soumettent les
dominés à leurs volontés, le système c’est leur commune soumission à un ordre des choses qui
les contraint, à leur volonté de puissance. Certes, on trouvera certainement ci
et là des Hermite qui auront dompté leur volonté de puissance mais le nombre
est ce qui importe dans la dynamique collective et ces Hermite sont seuls.
Ce que je dis là est
camouflé différemment selon les sociétés, les lieux, les époques mais le fond
est toujours le même depuis des millénaires.