Prénoms
"français" : quand Zemmour raconte n’importe quoi.
« C’est la rentrée : Éric Zemmour veut
vendre des livres. Et pour vendre, quoi de mieux que de surfer sur les
haines du temps en se saisissant d’un sujet qui n’en est pas un pour faire
monter la mayonnaise en tapant à nouveau sur sa cible préférée, les musulmans
de France. L’enjeu ? Après leur nourriture et leurs vêtements, voilà qu’il
s’intéresse à leurs prénoms. Et raconte une nouvelle fois n’importe quoi.
Sur LCI le 12 septembre, il s’appuie
sur toute la rigueur de la loi, et pas n’importe laquelle : une loi de la
grande époque napoléonienne s’il vous plaît : "Un prénom français, c’est un
prénom chrétien, cela vient d’une loi établie par Bonaparte »
et abrogée (déplore-t-il) en 1993.
Le problème, c’est
qu’Éric Zemmour s’arrange joyeusement avec la réalité d’un document historique,
pariant sur le fait que les journalistes en face n’ont évidemment pas le temps
ni les moyens de vérifier ses affirmations en direct. La loi qu’il évoque est
pourtant un tantinet différente.
La fameuse loi qu’évoque Zemmour existe bel et bien. C’est
la loi n°2614 du 11 Germinal an XI, ou plus simplement du 1er avril
1803, « relative aux prénoms et aux
changements de noms ». N’en déplaise à Éric Zemmour, il n’y
a pas l’ombre d’une quelconque référence
aux « prénoms chrétiens ». Mais la loi parle bien DES
calendriers et pour cause : le calendrier en vigueur N’EST PAS
catholique ; c’est le calendrier révolutionnaire et ses prénoms
savoureux : Philogon, Tydrique ou Télesphore pour les garçons ;
Rusicule, Vénéfride ou Egobille pour les filles.
Mieux : l’autorisation d’avoir recours aux « personnages connus de
l’histoire ancienne » autorise de fait l’usage des prénoms de
l’Antiquité grecque, romaine ou ... persane : on doute que Sadi Carnot,
dont le prénom vient d’un poète iranien, ait ainsi pu devenir président de la
République en 1887avec un prénom illégal… »