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Commentaire de Death note

sur Pujadas accuse Sarkozy d'avoir fait tuer Kadhafi !


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Masque de mort Death note 18 septembre 2016 11:34
Hommage à David Pujadas et Léa Salamé, journalistes intransigeants

Le 6 septembre dernier, « Arrêt sur images » publiait une enquête consacrée au « bras de fer entre [Michel] Field et Envoyé spécial » à propos de la diffusion d’un reportage consacré à « l’affaire Bygmalion ». Michel Field aurait tenté à plusieurs reprises de décaler la diffusion de l’enquête d’ « Envoyé spécial » afin qu’elle n’ait pas lieu durant la « primaire de la droite et du centre ». La question d’éventuelles pressions de Nicolas Sarkozy et de son entourage s’est évidemment posée. 

Heureusement, « L’Émission politique » du 15 septembre a été l’occasion d’y voir plus clair. David Pujadas, Léa Salamé et leurs équipes attendaient en effet Nicolas Sarkozy au tournant, et s’étaient donné les moyens de confronter l’ex-chef de l’État aux accusations de tentative de censure d’un reportage peu à son avantage. Rien que de plus normal : les deux journalistes travaillent pour France 2, et l’idée que Nicolas Sarkozy ait pu faire pression sur la chaîne pour saborder le travail de certains de leurs confrères et consœurs leur était insupportable.

C’est David Pujadas qui a ouvert le bal, dès le début de l’émission :

- « Monsieur Sarkozy bonsoir. Avant d’entrer dans le vif du sujet et de vous interroger sur votre analyse de la situation française et sur vos propositions, nous nous devons, par acquit de conscience, de vous poser une question qui fâche. Depuis plusieurs jours, une rumeur tenace circule, selon laquelle votre entourage aurait tenté de faire reporter, voire annuler, la diffusion d’une enquête concernant l’affaire Bygmalion. Qu’avez-vous à répondre à ces accusations ? »

Face aux tergiversations de Nicolas Sarkozy, Léa Salamé, connue pour sa pugnacité, n’a pas hésité à relancer le candidat à la primaire :« Monsieur Sarkozy. Comme nous sommes des journalistes sérieux, nous avons vérifié que les témoins cités par différents médias n’étaient pas imaginaires. Et ils ne le sont pas. Rien ne prouve qu’ils disent vrai, mais le moins que l’on puisse dire est qu’on ne voit pas pourquoi ils inventeraient une telle histoire. Pour le dire autrement : les rumeurs ont l’air d’être fondées. N’est-il pas gênant, lorsque l’on aspire aux plus hautes fonctions de l’État, de mettre ainsi à mal l’indépendance d’un média, a fortiori de service public ? »

Face aux dénégations de Nicolas Sarkozy, « L’Émission politique » a alors abattu sa meilleure carte : Élise Lucet a soudainement fait son entrée sur le plateau, accompagnée de l’un des témoins Le piège s’est alors refermé sur l’ex-Président de la république, et l’honneur du journalisme et du service public a été sauvé.Ou pas.

Nous avons malheureusement dû inventer ces séquences, puisqu’elles n’ont pas eu lieu. 

 Alors que certains commentateurs soulignent aujourd’hui que Nicolas Sarkozy aurait été « malmené », voire même « harcelé » au cours de « L’Émission politique », ce qui mérite d’être discuté, une chose est certaine : David Pujadas et Léa Salamé ont soigneusement évité d’interroger l’ex-chef de l’État à propos d’une « affaire » qui ne devrait pourtant laisser indifférent aucun journaliste en général, et aucun journaliste de France 2 en particulier.

Hommage donc à ces deux intervieweurs intransigeants qui, par leur silence assourdissant sur cette « affaire » de censure, nous rappellent à quel point la lutte pour une véritable indépendance des journalistes est plus que jamais d’actualité. 


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