Deir ez-Zor : erreur ou provocation américaine ?
non stratégie militaire US
"Ces évolutions en Syrie
mettent en lumière le fait que la guerre contre le terrorisme n’incarne
pas la dimension principale de ce conflit"
Maintenir l’EI à Deir ez-Zor pour une victoire à Mossoul
19/09/2016
Une reconquête de cette zone de l’est de la Syrie par les alliés
du régime signifierait la réouverture de l’axe stratégique
Téhéran-Bagdad-Damas, que Washington entend à tout prix éviter.
Lina KENNOUCHE
[...........]
Mossoul vs Deir ez-Zor
Deux explications sur cette attaque surprise semblent cependant
s’imposer. L’affaiblissement des forces du régime qui mènent l’offensive
contre l’EI à Deir ez-Zor n’est pas un non-sens dans le cadre des
préparatifs de la bataille finale de Mossoul en Irak. En effet, si
Washington mène une guerre totale contre l’EI et prive le groupe d’une
zone de repli à Raqqa et Deir ez-Zor, non seulement les combats
s’annoncent d’une grande férocité dans le cadre d’une offensive acharnée
et extrêmement coûteuse, mais il faudrait également compter sur une
plus grande participation des unités de mobilisation populaire Hached
al-Chaabi, en Irak. Or, si les Américains planifient une victoire-éclair
à moindre coût, il est exclu, pour atteindre cet objectif, de concéder
un rôle de premier plan aux milices chiites dans la deuxième ville
d’Irak, capitale de l’EI. Dans cette perspective, le groupe doit
conserver sa base arrière en Syrie.
Par ailleurs, il est fort probable que les Américains aient eu
connaissance du plan russo-iranien pour reprendre la totalité de Deir
ez-Zor. Or une reconquête de cette zone par les alliés du régime
signifierait la réouverture de l’axe stratégique Téhéran-Bagdad-Damas et
donc le rétablissement d’une continuité territoriale et d’une
profondeur stratégique ; ce que Washington entend à tout prix éviter.
« Les développements de ces derniers jours risquent de compromettre
sérieusement l’accord fragile et difficilement accepté par les
Américains en raison, selon des sources proches des négociateurs, de
l’opposition du Pentagone à cette trêve. Ces évolutions en Syrie
mettent en lumière le fait que la guerre contre le terrorisme n’incarne
pas la dimension principale de ce conflit. Les bombardements des
Israéliens contre les positions de l’armée syrienne au Sud pour, selon
certains observateurs, faciliter l’offensive des combattants du Front
Fateh al-Cham (ex-Nosra) et, à quelques jours d’intervalle, les
raids aériens de la coalition à Deir ez-Zor, tendent à confirmer
l’hypothèse que la priorité est à présent l’affaiblissement durable du
régime syrien. »
http://www.lorientlejour.com/article/1007902/maintenir-lei-a-deir-ez-zor-pour-une-victoire-a-mossoul.html
La journaliste auteure de cet article Lina Kennouche est doctorante en sciences
politiques à l’université Saint-Joseph de Beyrouth. Elle contribue aux
analyses politiques régionales et internationales du quotidien libanais
francophone L’Orient-Le Jour.
ses articles : http://www.lorientlejour.com/author/4274-Lina-KENNOUCHE