@wendigo
Souvent, ceux qui sont en
faveur de limites très restrictives de l’expression ressortent l’argument de l’ordre
public voir de la guerre civile.
Déjà, il faut dire que si
trouble public il doit y avoir et si guerre civile est à craindre, ce n’est pas
la censure qui va régler le problème, ça ce n’est que cacher la poussière sous
le lit et au contraire ça ne peut que cristalliser les tensions.
Ensuite, il y’a un principe
de proportionnalité qui doit s’appliquer : on combat des idées par des idées, des paroles par des paroles et des
actes par des actes (exception faite de l’incitation à commettre une
infraction qui est une parole qui incite à passer à l’acte) ! Si on use de
la violence, l’Etat est en droit de répondre par la violence dont il dispose le
monopole légal. Par contre si des paroles déplaisent, l’Etat n’a pas à faire
usage de la coercition, il y’aurait alors une disproportionalité qui serait susceptible
de glisser rapidement vers un Etat liberticide dont tous les citoyens
pourraient être victimes.
Et enfin, il y’a la course à
la censure. Si on peut interdire et pénaliser les « nique la France » ,
pourquoi pas les « nique la Bretagne » , « nique la corse »
ou « nique la Martinique » ? Des lobbies Bretons, Corses ou
Martiniquais pourraient très bien s’appuyer là-dessus pour réclamer le même
traitement pour les régions que pour le pays. Et ensuite, nous avons sur notre
sol un certain nombre de binationaux qui pourraient réclamer une pénalisation
des « nique Israël », « nique l’Algérie » ou « nique
les Etats unis ». Et si on ne peut pas niquer des pays, pourquoi aurait –on
le droit de niquer des organisations ? On se retrouverait donc avec des
réseaux qui réclameraient la pénalisation des nique LGTB, « nique le CRIF »
ou encore « nique le CFCM. Et les religions alors ? On n’a pas le
droit de niquer des organisations et des pays mais on aurait le droit de niquer
des religions ? Que nenni, des fondamentalistes religieux réclameront
alors la pénalisation des insulte envers le judaïsme, le christianisme, l’islam
et peut être même le raélisme. 
Je caricature mais c’est une
dynamique bien connue. On commence par censurer une chose et on se retrouve
finalement à censurer des tas de choses pour pouvoir conserver un semblant de
cohérence. Regarder les lois mémorielles, c’est un très bon exemple. Ca a
commencé par la shoah et ensuite l’esclavage et aujourd’hui les arméniens
réclament leur du. Qu’est ce qui garanti qu’on ne va pas passer de l’interdiction
de « nique la France » à celle de « nique l’islam » ? Réponse :
rien du tout. Et tout cela ne va pas épargner des troubles à l’ordre public. Donc
pour ne pas nous retrouver un jour comme en Corée du nord (comparaison qui peut
faire sourire aujourd’hui mais quand
on a des éditorialistes qui disent ouvertement qu’il faut imiter les chinois
pour censurer internet, on peut légitimement parler de ce risque, je ne
parle même pas des lois soi disant antiterroriste), on doit pouvoir en France dire
« vive la France » mais aussi « Nique la France ».