@guepe
Je n’ai
pas dit que ça ne correspond pas au modèle théorique ( je pense au contraire que ça lui correspond mais c’est à vérifier) , je dis
simplement que je me méfie des modèles théoriques, surtout en matière d’économie
parce qu’ils sont bourrés d’idéologies faisant fit des réalités. Raison pour laquelle je pense qu’il ne faut pas partir d’un prisme théorique pour analyser une situation pratique ( c’est l’inverse qui est plus pertinent) sinon , les biais idéologiques sont nombreux.
Est-ce qu’on
touche là une limite de la démocratie ? Dans le contexte Vénézuélien, je
te répondrai « non » car ce n’est pas tant une question de régime
politique que de rapports de force. Si Chavez avait établit une dictature, il n’aurait
pas pour autant pu gouverner car cette dictature finirait par donner raison à l’opposition
et aux puissances étrangères sur la nécessité de le renverser. Il se serait en
plus coupé du moindre soutien que ce soit localement ou internationalement, on
ne peut pas gouverner dans ces conditions. La moins mauvaise solution était au
contraire de renforcer la souveraineté populaire et de renforcer la dimension
démocratique du régime bolivarien pour s’assurer le soutien des classes
populaire au niveau interne et des partisans des démocraties populaires à l’étranger,
ce qu’il a fait.
Ce que je
pense de la démocratie libérale : du bien et du mal. Du bien parce qu’elle
fait une distinction assez nette entre sphère publique et sphère privée en garantissant les libertés fondamentales, pour quelqu’un d’aussi attaché aux
libertés individuelles que je le suis, c’est un excellent point. Du mal parce
qu’au fond, c’est un régime qui a été crée sur le postulat que les individus et
les peuples ne doivent plus
poursuivre que des intérêts économiques ( d’où l’exclusivité de la
représentation dans ce régime : puisque les individus sont avant tout
occupé à produire et redistribuer des biens , les citoyens n’ont plus le
loisir pour s’occuper des affaires publiques d’où la nécessité de professionnels
de la politique que sont les représentants élus) ce qui aboutit à vider
l’action politique de son sens et à enfermer le citoyen dans un espace
qui n’aurait d’autres bornes que la technique ( économique et
juridique surtout ). En réalité, les véritables citoyens dans ce régime, ce
sont les soi disant experts ( et bientôt peut être l’IA ) , les autres membres
de la collectivité sont relégués au simple rang de métèque et cela pour le républicain que je suis (
dans le sens authentique du terme ) , c’est un très mauvais point.
Pour résumer, je pense du bien de la »démocratie «
libérale pour la garantie de l’exercice de la liberté négative mais j’en pense du mal pour
sa négation de l’exercice de la liberté positive. Ces deux éléments ne sont d’ailleurs pas
inconciliables : la non ingérence de l’Etat dans les affaires privées
et la défense de la vie privée (liberté négative) n’exclut pas la réalisation
de soi dans la vie publique par la participation à la communauté politique (liberté positive).
Et ce qui fait la jonction entre les deux, c’est le Républicanisme : la
liberté individuelle doit être garantie mais l’individu n’existe qu’à
l’intérieur d’une communauté d’humains organisé politiquement qui
le précède (et pas une simple somme
d’individus juxtaposés réunit par contrat) et envers laquelle il a une
dette morale qu’il remboursera en assumant des responsabilités.
Il faut gouverner pour les classes populaires mais aussi pour
les classes favorisés je suis d’accord mais à un moment donné il y’a des rapports de force entre ces
catégories (qui ne sont pas homogènes évidemment) et là il faut trancher. Quand
on observe l’histoire du Venezuela, les principaux responsables de la structure
économique déséquilibré de ce pays, ce sont les classes favorisés et il faut
remonter aux années 20-30 pour s’en apercevoir.