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Commentaire de Pr Thierry de LAROCHELAMBERT

sur La transition énergétique est une aberration sans le thorium


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Pr Thierry de LAROCHELAMBERT 16 septembre 2017 12:39
décidément, la désinformation est devenue une arme de destruction massive sur internet. Affirmations mensongères éhontées, aucune référence scientifique, omissions volontaires de la part des lobbies de l’énergie nucléaire ou fossile et de certains scientifiques corrompus ou idéologiquement productivistes (Claude Allègre continue de sévir contre les énergies renouvelables, après avoir nié non seulement l’origine anthropique du changement climatique dramatique en cours, mais aussi la réalité-même de celui-ci).
 
De nombreux travaux scientifiques objectifs décrivent parfaitement les différentes filières nucléaires, dont celle du thorium, et l’on peut lire facilement de nombreuses publications de physiciens de tous bords, pro- ou anti-nucléaires ou sans parti pris.
En ce qui concerne le cycle thoriumuranium, il faut d’abord savoir que, même si les réserves prouvées de thorium sont 4 fois plus grandes que celles d’uranium, il s’agit essentiellement de l’isotope fertile 232Th et non fissile. Il faudrait par conséquent charger les réacteurs en 235U fissile (uranium très enrichi) ou en 233U fissile quasi-inexistant à l’état naturel qu’il faudrait donc produire à partir de réacteurs classiques à uraniumplutonium pilotés spécialement pour générer l’isotope 233U. Or, ceci qui conduit également une production élevée de noyaux 232U et 208Tl très radioactifs et émetteurs de rayons gamma très énergétiques (d’où le caractère réputé peu proliférant du cycle au thorium, ce qui est un avantage… si l’on peut dire !). D’autre part, le fonctionnement de ces réacteurs est problématique car ils produisent beaucoup de poisons de la chaîne neutronique (noyaux capturant fortement les neutrons nécessaires à la réaction en chaîne) qu’il faut :
 
  • soit éliminer en permanence (ce sont les fameux réacteurs à sels fondus avec soutirage, recyclage, filtrage permanent qui sont à l’état de recherche et n’atteindraient pas un stade industriel avant 2070) ;
  • soit éliminer de manière séquentielle, ce que certains chercheurs pensent pouvoir faire un jour dans des réacteurs à boulets solides enrobés.
Ce seraient donc encore des usines nucléaires qu’il faudrait encore construire et subventionner (comme tout le nucléaire l’a été) pour orienter le système nucléaire vers le thorium, avec toujours de nouveaux déchets (certes en moins grande quantité que le cycle direct U-Pu, mais comme le cycle U-Th a besoin tout de même du cycle U-Pu, prêter un caractère plus vertueux à la filière thorium relève de l’escroquerie intellectuelle), de nouveaux surgénérateurs, du plutonium transporté et manipulé en quantités énormes, du MOX fabriqué en permanence, etc.
 
Concernant l’éolien, TOUTES les études scientifiques sont parfaitement claires et convergentes : les éoliennes et les parcs éoliens présentent le plus faible temps de retour énergétique sur investissement (entre 4 et 10 mois pour produire la quantité d’énergie qui a été dépensée pour tout leur cycle de vie !), et le plus grand EROI (energy return on investment : rapport entre l’énergie électrique primaire totale produite par l’éolienne ou le parc éolien durant toute sa vie et l’énergie totale consommée sur tout son cycle de vie) : il vaut entre 22 et 70 selon les types d’éoliennes et leur implantation, ce qui signifie que toutes les éoliennes produisent au moins de 22 à 70 fois plus d’énergie qu’il n’a fallu en consommer pour les fabriquer, construire, mettre en service, maintenir puis démanteler) de tous les systèmes de production électrique existants.
J’avais commis un article de review il y a quelque temps (téléchargeable ici : http://tdelarochelambert.blog.lemonde.fr/2013/02/24/energie-eolienne-une-analyse-du-cycle-de-vie-performante/), et tout s’est encore amélioré entre-temps car de nouveaux progrès dans l’efficacité des pales, des génératrices synchrones, des entraînements directs, et de nouveaux procédés de recyclage des pales ont vu le jour depuis.
Pr T. de Larochelambert
Institut FEMTO-ST

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