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Commentaire de Joe Chip

sur Affaire Weinstein #balancetonporc : les réactions de Zemmour et Naulleau sur Europe 1


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Joe Chip Joe Chip 18 octobre 2017 16:26

@Heimskringla

Le point commun de tous les auteurs que tu viens de citer est d’avoir eu une vie affective chaotique ou inexistante. Phare de la pensée et homme à femme, ça ne va pas forcément de pair. Nietszche était pour ainsi dire puceau, cela explique sans doute sa fascination pour la virilité et la brutalité.

En outre, la misogynie littéraire est une catégorie bien particulière, surtout au XIXème siècle, qui a exalté l’homme viril, le capitaliste, le propriétaire, le bourgeois, le soldat. Les choses étaient différentes dans les siècles précédents.

Sur la misogynie, elle a en réalité peu à voir avec les femmes et se retrouve en général chez des hommes qui ont été élevé par une mère dominante ou qui ont grandi dans un univers très féminisé (ce qui est le cas de la plupart des grands écrivains misogynes du XIXème, tous issus d’un milieu bourgeois et ayant été adoré par leur mère, Baudelaire, Balzac, Flaubert, Nietzsche, etc...). A l’adolescence, le jeune homme sensible tombe invariablement dans l’idéalisation de la femme censée répondre à tous ses besoins d’homme comme la mère répondait inconditionnellement aux besoins de l’enfant. Or, comme les femmes sont elles aussi des êtres complexes avec une histoire individuelle, elles correspondent rarement à cette image affective figée et ne sont donc jamais à la hauteur des espérances du jeune homme sensible et exalté chez qui la fascination craintive se retourne alors en déception aigrie. La posture s’inverse : la femme est redescendue sur terre, dégradée et animalisée tandis que le jeune homme accède à ce qu’il ressent comme une forme de pureté et de supériorité morale sur la femme. 

La misogynie est donc bien liée à une perception masculine inadéquate, et non à la femme en elle-même (ce qu’elle est ou ce qu’elle n’est pas). Elle exprime un ressentiment masculin résultant du décalage entre la femme idéalisée et la femme réelle, décalage aggravé par une sensibilité exacerbée.

Une fois débarrassé de ses prétentions et de ses illusions, le misogyne apparait en règle générale comme un individu frustré, un célibataire aigri et narcissique qui ne peut pas s’admettre que d’autres hommes ont bien mieux deviné la femme que lui. Car les hommes qui n’idéalisent pas la femme, qui la prennent (dans tous les sens du terme) telle qu’elle est et non telle qu’ils voudraient qu’elle soit, sans en faire de la littérature, sans la théoriser, n’ont aucun problème de misogynie puisqu’ils se placent en quelque sorte au niveau de la femme. Ils ne prétendent pas la dominer moralement, à la rigueur ils se moquent bien de la comprendre.

Alors choisis ton camp camarade, car les places de misogynes géniaux sont quand même limités : tout le monde n’est pas Baudelaire, Flaubert, Nietzsche. Seul le talent peut exceptionnellement justifier la misogynie.

Pour les hommes communs, il vaut mieux voir dans la femme une partenaire.


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