Les tweets de Trump relèvent du jeu
de « la poule mouillée » , une méthode de communication et de
négociation propre au milieu d’affaire newyorkais persuadé qu’ il
convient d’avancer des assertions de nature à déstabiliser la partie adverse en
instillant en elle le doute et la peur afin de pouvoir remporter la mise.
C’est exactement la façon dont il a communiqué avec Kim Jong-Un. En
affaire, Trump s’est toujours montré impulsif, erratique, belliqueux,
revanchard, capricieux, peut être s’agit-il de manifestations réelles de son
tempérament narcissique ( je le pense ) mais peu importe ses messages menaçants
sont toujours l’expression d’un calcul rationnel : si un individu parvient
à convaincre ses concurrents qu’on ne peut le raisonner, il gagne. Le gagnant
l’emporte parce qu’il a su faire croire qu’il est complètement aveugle au
danger (et donc cinglé). Ironiquement, l’irrationalité devient un stratagème
rationnel.
Trump applique au domaine de la politique des
principes dont il a pu éprouver l’efficacité dans les transactions financières.
Seulement, le monde du business est très différent du monde politique, ce n’est
pas la même chose de menacer de ruiner un rival par des poursuites judiciaires à menacer
des chefs d’Etat et des pays détenteurs de l’arme nucléaire, il ne se rend pas
compte que les choses peuvent rapidement devenir imprévisibles.
Je pense aussi qu’il faut arrêter de
toujours sortir le prétexte de l’Etat profond pour expliquer le comportement de
Trump : par moment il peut s’avérer pire que le plus dur des néoconservateurs
et sans aucune injonction de qui que ce soit, il arrive même parfois que les
faucons soient obligés de le tempérer. Sans même parler du fait que le soupçon
sur ses liens avec le Kremlin le mène parfois à des postures hystériquement
anti-Russes, comme pour montrer pattes blanches.