@Qirotatif
.
Merci de cette
réponse détaillée, Qirotatif.
.
Je sais que
les soldats sont mal équipés, certains achètent eux-mêmes les chaussures ou
accessoires militaires qu’ils renouvèlent.
Il y avait
des choix tactiques à faire dans l’action, ce n’est pas moi qui pourrais dire
s’il était opportun d’envoyer les militaires du Sentinelle. J’avais déjà lu des
extraits du rapport que vous avez communiqué, ce qui m’a permis au moins
d’appréhender la complexité et les risques nombreux d’erreurs à une telle
intervention.
.
Dans l’autre
partie de ce rapport, celle des auditions, il y avait aussi des allégations de
tortures et décapitations. Les fonctionnaires, de leur côté, n’ayant guère
confirmé ni infirmé ces allégations.
http://www.assemblee-nationale.fr/14/rap-enq/r3922-t2.asp
Exemple :
M. T.
P.[un des gendarmes qui est intervenu, anonymé pour le rapport] : L’un
d’entre eux a été neutralisé. L’autre est là-haut en train de… J’ai tendance à
me dire que, tant qu’on tire sur moi, on ne tue personne d’autre.
M. Pierre
Lellouche. Que voulez-vous dire par « en train
de… » ?
M. le
président Georges Fenech. Je crois que certaines choses n’ont
jamais été dites. Je pense que l’on pourrait peut-être, à ce stade, éclaircir
les choses.
M. T.
P. Des corps n’ont pas été présentés aux familles parce qu’il y
a eu des gens décapités, des gens égorgés, des gens qui ont été éviscérés. Il y
a des femmes qui ont pris des coups de couteau au niveau des appareils
génitaux.
M. le
président Georges Fenech. Tout cela aurait été filmé en vidéo
pour DAECH !
M. T.
P. Il me semble. Les victimes en ont parlé.
.
On n’en sait
pas plus. Une partie du rapport est à huis clos, il y a eu donc rétention de
certains informations. Il y a sans doute un souci de gestion de l’info, ne pas
rajouter l’horreur morbide susceptible d’exciter, mais il y a aussi le souhait
des familles de savoir comment les victimes ont été tuées. Et ce sentiment de
déni ajouté à la souffrance des familles se comprend.
C’est d’ailleurs
un peu comme Arnaud Beltrame, on n’a pas trop dit dans le mainstream qu’il a
été égorgé. Pas trop d’avis. C’est vrai que la banalisation de l’horreur n’est
pas une bonne chose. Mais c’est vrai aussi que la présentation de l’horreur
telle qu’elle pousse aussi à prendre les mesures draconiennes qu’on n’a pas le courage de prendre.
.
Je n’use pas
du terme « état profond » : il y a ce besoin cognitif économique
de réduire un phénomène à une cause unique. Peut-être un vieil atavisme qui
persiste de la proie à chercher ou de l’ennemi à repousser ou éliminer. D’autant
plus qu’on sait déjà à peu près qui nous dirige, le problème étant plutôt de l’admettre,
c’est le vieil adage de Voltaire de ne pas pouvoir critiquer ceux qui nous
dirigent réellement.
Mais quand on
arrive à le dire, il y a un autre problème : il y a plusieurs puissances.
Je vois l’axe Washington, Tel Aviv, Riyad. Le chemin qu’a repris Trump à son
premier voyage présidentiel. Pour le terrorisme qu’on subit, il y a la
destruction du M.O. par les US qui ont le muscle et la foi en leur Destinée
Manifeste, à la demande de Tel Aviv qui veut être bien installé dans le coin,
particulièrement depuis l’utilisation de Saddam Hussein contre l’Iran et les
guerres irakiennes. Et aussi, la fabrique idéologique wahhabite avec le fric pour
attiser l’islam radical partout, en contexte de compétition au califat. Et là, vous
voyez les débats tous les jours ici, avec toujours ce besoin de rechercher la
cause unique : « c’est le capitalisme américain », « non c’est
les musulmans », « non c’est les juifs qui tirent les ficèles ».
Il nous reste les ronces, les causes qui finissent pas devenir endogènes, de toute façon on reste potes avec ces trois capitales.