Mercredi 1er août 2018 :
Climat : 2017, année de tous les
records.
Le rapport annuel de l’Agence
américaine d’observation de l’océan et de l’atmosphère
confirme la surchauffe planétaire.
Les années se suivent et les records
s’enchaînent, sans que rien ne semble pouvoir enrayer
l’emballement climatique.
A l’échelle du globe, 2017 a été
l’une des trois années les plus chaudes de l’histoire moderne,
se classant, selon les données utilisées, à la deuxième ou à la
troisième place sur un podium où figuraient déjà, dans l’ordre,
2016 et 2015.
C’est ce qu’indique le rapport sur
l’état du climat en 2017, publié mercredi 1er août par
la National Oceanic and Atmospheric Administration, l’agence
fédérale américaine chargée de l’observation des océans et de
l’atmosphère.
Une synthèse annuelle établie en
collaboration avec l’American Meteorological Society et à laquelle
ont contribué plus de 450 scientifiques de soixante pays qui ont
compilé plusieurs dizaines de milliers de mesures.
La surchauffe planétaire est d’autant
plus notable que, cette fois, elle ne doit rien au phénomène El
Niño, ce cycle naturel de réchauffement des eaux du Pacifique qui,
tous les trois à sept ans, tire les températures vers le haut et
dont l’influence s’était fait fortement ressentir en 2015
et 2016.
Les douze mois de 2017 se hissent donc
au rang d’année sans El Niño la plus torride depuis le début des
relevés, à la fin du XIXe siècle.
« Le rapport établit que les
principaux indicateurs continuent de montrer des tendances confirmant
un réchauffement planétaire », soulignent les chercheurs.
Revue de détail d’une planète en ébullition.
La concentration dans l’atmosphère
de gaz à effet de serre (dioxyde de carbone, méthane, protoxyde
d’azote…) a atteint un nouveau pic en 2017. Elle s’est
élevée à 405 parties par million (ppm) pour le CO2, soit 2,2 ppm
de plus qu’en 2016. L’étude des gaz emprisonnés et
conservés dans les carottes glaciaires montre que cette
concentration est sans précédent depuis… 800 000 ans.
Il faut s’attendre à une
accentuation du réchauffement dans les années à venir, dans la
mesure où, après trois années de stagnation, les émissions
mondiales de CO2 sont reparties à la hausse en 2017, en
progressant de 2 %.
Globalement, les températures à la
surface de la Terre ont excédé de 0,38 °C à 0,48 °C la
moyenne de la période 1981-2010. Les quatre dernières années
(2014-2017) sont ainsi les plus chaudes jamais mesurées.
Plusieurs pays, comme l’Argentine, la
Bulgarie, l’Espagne ou l’Uruguay ont enregistré des records
absolus de températures annuelles moyennes. Des pointes de 43,4 °C
ont été relevées en janvier, en Argentine, et de 53,5 °C en
août, dans l’ouest du Pakistan.
Les températures moyennes à la
surface des océans, elles, sont restées légèrement en dessous de
celles de 2016. Mais les trois dernières années ont été là aussi
les plus chaudes jamais mesurées, avec, depuis 2000, une hausse
moyenne de 0,17 °C par décennie.
La partie supérieure des océans
(jusqu’à 700 mètres de profondeur) a accumulé une quantité de
chaleur inégalée. Il s’agit d’un indicateur crucial du
réchauffement, car les océans absorbent plus de 90 % de la
chaleur additionnelle due au gaz à effet de serre, dont 1 %
seulement va dans l’atmosphère, le reste se partageant entre les
glaces et les sols.
Il en est résulté une poursuite du
phénomène de blanchissement massif des coraux, qui s’est étalé
sur une période inusitée de trois ans (de juin 2014 à
mai 2017), provoquant, dans les océans Atlantique, Indien et
Pacifique, des mortalités sans précédent, allant jusqu’à 95 %
pour certaines formations coralliennes.
Quant au niveau moyen des mers, il a
atteint lui aussi un nouveau record, en se situant 7,7 cm plus
haut qu’en 1993, début des mesures altimétriques par
satellites. L’élévation des océans est ainsi de 3,1 cm par
décennie.
Année rouge, également, pour les
régions polaires. Au Nord, la température terrestre a surpassé de
1,6 °C la moyenne de la période 1981-2010, sans atteindre
toutefois le niveau de 2016. L’étendue maximale de la glace de mer
arctique, au début du mois de mars, a été la plus faible depuis le
début des observations satellitaires en 1980. Et son étendue
minimale, en septembre, était inférieure de 25 % à la moyenne
de la période de référence.
En Antarctique aussi, la banquise a été
mise à mal pendant une grande partie de l’année, avec, de janvier
à avril, une surface réduite comme jamais au cours des trois
dernières décennies.
Les pluies extrêmes ont été, elles
aussi, plus abondantes que la moyenne, avec des épisodes torrentiels
dévastateurs en Inde, durant la saison des moussons, au Venezuela,
en août et septembre, ou au Nigeria, au cours des deux mêmes mois.
A l’inverse, après avoir baissé
d’intensité au début de l’année, les sécheresses sévères ou
extrêmes n’ont épargné aucun continent, frappant
particulièrement l’Amérique du Sud, l’Afrique et certaines
parties de l’Inde, de la Russie, de la Chine et de l’Australie.
Une situation qui a contribué à
attiser des incendies très destructeurs en Colombie britannique, aux
Etats-Unis, en Espagne ou au Portugal, même si, sur le front des
feux, l’année écoulée a été la plus calme à l’échelle
mondiale depuis 2003.
Avec 85 cyclones tropicaux, 2017 a
légèrement dépassé la moyenne annuelle de 82 événements
observée sur la période 1981-2010. Seul le bassin nord-atlantique a
connu une activité cyclonique nettement plus prononcée que la
moyenne, avec en particulier les ouragans Harvey, en août au Texas,
suivis d’Irma et Maria, en septembre, dans les Caraïbes, d’une
intensité exceptionnelle.
https://www.lemonde.fr/climat/article/2018/08/01/climat-2017-annee-de-tous-les-records_5338388_1652612.html